Parti communiste réunionnais : un congrès sous le signe renouvelé de la collaboration de classes

avril 2017

Dimanche 5 février, le Parti communiste réunionnais (PCR) a tenu à Sainte-Suzanne, la dernière ville dont il tient la mairie, le neuvième congrès de son existence.

Ce congrès était d’abord celui de la succession de son principal dirigeant et fondateur, le sénateur Paul Vergès, disparu fin 2016. Le PCR, qui a longtemps marqué de son empreinte la vie politique régionale comme le mouvement ouvrier de l’île, n’est cependant aujourd’hui que l’ombre de ce qu’il fut. Les dernières années ont été marquées par des reculs électoraux, une démoralisation qui se répand dans ses rangs, des divisions et des implosions. Cette situation a certes de multiples causes, dont une politique ouverte de collaboration de classes qui fut celle du PCR dès sa fondation en 1959 et qui s’approfondit quand Mitterrand accéda à la présidence en 1981.

La collaboration de classes, dès le début

Le PCR s’est constitué en 1959, quand la fédération réunionnaise du Parti communiste français s’émancipa du PCF. Cette fédération avait été fondée au sortir de la Deuxième Guerre mondiale par Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, des militants syndicalistes et du courant des droits de l’homme qui avaient créé le Comité républicain d’action démocratique et sociale (CRADS). Élus députés en 1945, ils avaient rejoint le groupe du PCF à l’Assemblée nationale. Avec d’autres, ces deux députés s’y firent les défenseurs de la loi dite de départementalisation votée en 1946, qui fit passer La Réunion, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane du statut de colonie à celui de département. Le vote de la départementalisation promettait au plus vite l’égalité d’un nombre important de droits avec la métropole, en l’occurrence au 1er janvier 1947. Dans les faits, son application fut tellement lente et laborieuse que Hollande a fait voter l’an dernier une loi promettant enfin l’égalité « réelle »… mais seulement dans vingt-cinq ans.

Jusque dans les années 1960, la situation politique dans l’île fut marquée par une violence de classe récurrente. L’opposition entre les partis de gauche et ceux de droite se concluait bien souvent par des heurts dont furent la plupart du temps victimes des militants et sympathisants communistes. Après 1956, alors que l’audience du courant communiste s’accentuait, les violences et les fraudes à son encontre, quoique déjà réelles, devinrent le fait de toute l’administration de l’île. La municipalité communiste, celle du Port, fut renversée par la force en mars 1962 et le conseil municipal dissous à la mort de Léon de Lépervanche. Les élections qui s’ensuivirent furent purement et simplement truquées au profit de la droite. Quoi d’étonnant alors que la population ait été amère, en particulier celle qui avait espéré que la départementalisation apporterait des changements substantiels ?

Dans ces années d’âpres luttes, l’organisation qui allait devenir le PCR gagna des militants et s’implanta encore plus en profondeur au sein des couches populaires. Paul Vergès, le fils de Raymond, en prit la tête mais sur une nouvelle ligne politique, celle dite de l’autonomie interne, plus adaptée aux préoccupations de la petite et moyenne bourgeoisie réunionnaise dont le développement était bridé sous les effets de la concurrence venue de métropole. Un courant, représenté par Léon de Lépervanche, considérait toujours quant à lui que la lutte en faveur de l’égalité sociale devait être menée sans ambiguïté dans le cadre de la départementalisation. Mais cette opposition resta toujours minoritaire au sein du PCR qui, assez vite, put se faire le porte-parole des revendications de la bourgeoisie locale, pourvu qu’elles soient réunionnaises, précisait-il. En l’absence d’un véritable mouvement nationaliste réunionnais, le PCR occupait ainsi un créneau original, intermédiaire. Il ne s’agissait pas de réclamer l’indépendance, mais juste un pouvoir spécifiquement réunionnais dans le cadre de la République française.

Avec la revendication de l’autonomie, le PCR s’appuyait sans aucun doute sur la déception de la départementalisation, sur des sentiments anticolonialistes toujours présents comme sur des sentiments de frustration et d’incompréhension du fait que la vie réunionnaise soit toujours décidée à 10 000 km de là. Mais, à l’inverse de ce que fit le PCR, un parti représentant réellement les intérêts des travailleurs, un parti réellement communiste donc, aurait traduit politiquement ces sentiments en revendications de classe, affirmant que les travailleurs ne peuvent réellement décider de leur avenir qu’en s’organisant sur des objectifs qui leur soient propres. Certes, dans certaines luttes, des objectifs communs peuvent apparaître entre les travailleurs et certaines catégories de la petite bourgeoisie, mais les luttes qui pourraient en découler ne doivent jamais masquer les revendications ouvrières. Ne pas affirmer la nécessité d’une telle politique, qui fut toujours propre au mouvement ouvrier, revient à gommer les oppositions de classes. C’est dans cette voie que s’engagea le PCR. En se positionnant comme le représentant des Réunionnais à gérer leurs affaires, il militait en fait pour le droit des possédants réunionnais à le faire.

Pendant 70 ans, dans la logique d’une telle politique, le PCR a surtout cherché des alliances qui l’ont conduit à tendre la main aux pires adversaires du communisme et à voler à leur secours. Au fil des ans, Vergès chercha souvent des alliés sur sa droite, comme en 1954, quand il se mobilisa avec le patron d’extrême droite René Payet pour empêcher la fermeture de son usine sucrière, ou en 1986 quand il entra dans la majorité régionale aux côtés du président UDF Pierre Lagourgue ; ou encore en 1988 en concluant avec Jean-Paul Virapoullé, un des dirigeants de la droite locale, une alliance pour faire élire à la tête du conseil général un autre homme de droite. Ces alliances électorales tous azimuts déboussolèrent bien des militants et des électeurs du PCR, à qui le parti et son dirigeant tentèrent à chaque fois de faire avaler l’amère pilule en leur expliquant qu’il s’agissait de stratégies pour rester dans les instances dirigeantes et peser sur les décisions. Vergès et le PCR n’offraient aux classes populaires aucune autre perspective que la voie électorale et une politique de collaboration de classes, illustrée alors par la formule « union des Réunionnais », en particulier lorsqu’ils furent à la tête de la région de 1998 à 2010, laissant croire que les intérêts des exploités peuvent être confondus avec ceux de leurs exploiteurs.

La même politique réaffirmée

C’est cette même ligne politique que le PCR a renouvelée en ce début d’année 2017, cette fois-ci sous le slogan « rassembler pour la responsabilité ». Le sentiment sur lequel le PCR tente de s’appuyer pour exister et développer sa politique est celui d’une injustice bien réelle. Dans une île comptant 850 000 habitants, 30 000 dossiers HLM sont en attente, des milliers de personnes vivent dans des logements insalubres, l’illettrisme est toujours aussi élevé (20 %), et le chômage (30 %) bat des records, tout comme la pauvreté : à La Réunion, 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Le PCR veut en fait instrumentaliser ce sentiment d’injustice ressenti par les pauvres et les travailleurs réunionnais pour les amener à se battre, non pas pour des mesures radicales contre le chômage ou les bas salaires, mesures qui s’en prendraient au patronat, mais pour obtenir « une gestion par les Réunionnais de leurs affaires ». Discutant de cette gestion présentée comme « la seule alternative », Gelita Hoarau, qui a succédé à Paul Vergès au Sénat, a développé l’argumentation suivante : « Il est vital pour La Réunion comme pour tous les outre-mer de disposer de compétences élargies pour pouvoir passer avec leurs voisins des accords de coopération et de codéveloppement solidaire dans les domaines aussi divers que le commerce, la santé, la sécurité alimentaire, l’éducation, la recherche, les énergies renouvelables et la lutte contre les effets du réchauffement climatique, etc. La Réunion est la seule des collectivités régies par l’article 73 de la Constitution à ne pouvoir y prétendre : La Réunion ne peut donc ni adapter les lois, ni produire ses « propres lois » (dans des domaines non régaliens). » (Témoignages, journal du PCR, 18 janvier). La préoccupation de Gelita Hoarau se résume en fait à celle de pouvoir défendre les intérêts du patronat local via une assemblée spécifique, capable de légiférer, de négocier… pour son compte.

Le PCR s’est illustré à ce propos dans l’affaire de la canne à sucre. Alors que les barrières protectionnistes sur le marché du sucre vont tomber cette année, le patronat sucrier de l’île a obtenu 38 millions d’euros d’aides supplémentaires de la part de l’État. Le PCR a certes protesté, mais pas parce qu’aucune mesure de contrôle ou de coercition n’a été décidée à l’encontre du patronat, pas parce que le patronat fait déjà des bénéfices par millions. Si le PCR a protesté, c’est parce que ces aides ne seront pas renouvelées automatiquement mais décidées année après année… et à Paris encore !

De plus, et c’est sans doute pour lui le plus important, le PCR se félicite que « même les héritiers des adversaires les plus acharnés du PCR sont obligés de se rallier à l’analyse faite depuis 58 ans par le Parti communiste réunionnais. […] L’histoire rappelle qu’un nouveau cadre ne peut être obtenu que par le soutien d’une large majorité de Réunionnais. C’est pourquoi le PCR plaide pour que cette volonté s’exprime par un rassemblement dépassant les clivages politiques. » (Témoignages, 2 février 2017). Ainsi, le PCR prône l’unité des courants politiques locaux pour obtenir de l’État français des moyens supplémentaires pour défendre les intérêts du patronat local.

D’ailleurs, quand le PCR développe ses propositions économiques (Témoignages, 20 janvier), aucune ne remet en cause les intérêts du patronat. Contre le chômage, il défend comme seule mesure concrète un « moratoire pour le recrutement dans la fonction publique ». En d’autres termes, il défend la préférence réunionnaise, opposant les travailleurs de la métropole recrutés comme fonctionnaires à ceux de l’île. En ce domaine, il y a certes des décisions choquantes qui peuvent être âprement critiquées, mais à condition que dans le même temps, et plus âprement encore, la responsabilité du patronat dans la situation catastrophique créée par le chômage soit non seulement critiquée elle aussi mais surtout combattue.

Contre la vie chère, le PCR revendique un « contrôle rigoureux de la formation des prix (de l’usine au consommateur), produire un maximum de ce que nous consommons à La Réunion et la possibilité de s’approvisionner plus près de chez nous et moins cher (à condition d’avoir des compétences élargies pour pouvoir passer des accords commerciaux). » Que la priorité ne soit pas donnée aux profits mais aux prix les plus bas, oui ! Que des productions soient réalisées dans des pays limitrophes, oui ! Mais à condition que pouvoir « s’approvisionner plus près de chez nous et moins cher » n’ait pas pour cause l’utilisation dans ces pays d’esclaves salariés non payés. Dans tous ces éléments du programme du PCR, rien donc sur les augmentations de salaire nécessaires. Là encore, la préférence réunionnaise mise en avant ferait de la population de l’île des consommateurs captifs de ce que vend la bourgeoisie de l’île. Cerise sur le gâteau de ce programme, au paragraphe « lutte contre les inégalités », le PCR relaie une proposition de la Cour des comptes qui s’en prend à la prime de vie chère que touchent les fonctionnaires, et propose d’affecter « les économies réalisées à La Réunion » à un fonds de développement économique au service du patronat. S’en prendre à des travailleurs au nom des intérêts des Réunionnais, voilà sans doute le sens moderne que le PCR donne à la lutte contre les inégalités.

Le PCR dans l’impasse

Pendant des années, le PCR a en fait monnayé l’influence qu’il avait gagnée dans les couches populaires auprès des politiciens locaux et de la bourgeoisie locale. En retour, il eut accès à des postes et à des responsabilités. La politique d’accords tous azimuts de Vergès, avec les politiciens de droite notamment, en est la meilleure illustration. Mais, pour que ces accords soient possibles, il fallait que le programme affiché par le PCR ne gêne pas ces politiciens vis-à-vis des possédants. L’axe politique développé autour de l’autonomie interne a parfaitement rempli ce rôle. Les politiciens de droite qui ont passé des accords avec le PCR ont ainsi pu se faire élire à bon compte, sans avoir à s’entendre dire qu’ils s’acoquinaient avec des révolutionnaires, ou qu’ils trahissaient les possédants qu’ils voulaient représenter. Quant à la bourgeoisie locale, elle a trouvé dans le PCR un parti capable d’orienter les revendications et les préoccupations des travailleurs vers une politique qui pouvait la servir, ou qui paralysait toute lutte sérieuse du monde du travail. Beaucoup ont été gagnants, sauf les travailleurs bien sûr. Des politiciens de tous les horizons se sont fait élire par le PCR, dont les dirigeants ont gagné des postes de responsabilité, de députés, de sénateurs et jusqu’à la tête de la région, c’est-à-dire dans une institution dotée d’un certain nombre de compétences économiques et où se décide une partie de la politique locale.

Cette politique n’est cependant manifestement plus possible. Son carburant, qui était l’influence du PCR dans les couches populaires, semble aujourd’hui se tarir. Nombre de militants ont été découragés par l’attitude de leur parti. Pendant qu’ils s’affrontaient à des patrons bien réactionnaires, la direction de leur parti négociait avec les politiciens de toutes les tendances, jusqu’aux représentants du patronat local. Un des événements significatifs de ces dernières années qui a accéléré le recul du PCR a été le conflit qui a opposé Huguette Bello et Paul Vergès. Ce dernier avait toujours privilégié les rassemblements avec la droite, quitte à nuire à ses propres militants. Ainsi en 2010, lors de la fusion des listes au deuxième tour des élections régionales, Vergès a imposé le maire du Tampon, André Thien-Ah-Koon, au détriment d’Huguette Bello qui, quoique prônant une politique réformiste, était l’une des figures les plus populaires du PCR. André Thien-Ah-Koon est connu pour être un patron bien réactionnaire ayant fait le coup de poing contre l’Union des femmes réunionnaises, l’organisation de femmes du PCR dirigée par... Huguette Bello. La fusion électorale concoctée par Vergès n’a pas empêché le PCR de perdre la région. Perdant dans la foulée nombre de militants, le PCR vécut alors une grave crise interne se concluant par le départ de Bello et la mise au placard d’un des successeurs pressentis de Vergès, qui avait exprimé publiquement son désaccord avec la direction du PCR et ne voulait pas soutenir Huguette Bello et son nouveau parti contre la droite au deuxième tour de l’élection municipale de Saint-Paul. Aux régionales de décembre 2015, la liste d’union sur laquelle figurait le PCR est tombée de 30 % en 2010 à 7 %, tandis que la liste conduite par Huguette Bello réalisait près de 24 % des voix. Il ne lui a manqué que quelques milliers de voix pour prendre la présidence de la région.

En plus d’être désorientés par les accords politiques de Paul Vergès, les militants et sympathisants du PCR ont aussi pu se rendre compte que leur parti, dans les municipalités ou à la tête de la région, était loin d’avoir une conduite différente de celle des autres. Dans les mairies PCR, comme dans toutes les mairies, le clientélisme était la règle et la gestion municipale du PCR ne s’est guère différenciée des autres. Ainsi le PCR, qui était encore à la tête ces dernières années d’un nombre important de communes de l’île (La Possession, Saint-Pierre, Saint-Louis, Le Port, Saint-Paul et Sainte-Suzanne), ne contrôle plus que Sainte-Suzanne.

Dernier aspect du problème du PCR : son positionnement politique. Il le dit lui-même, la droite et le PCR sont sur le même créneau, celui de La Réunion aux Réunionnais. Et la droite, par l’intermédiaire de son représentant actuel le plus en vue, Didier Robert, sait parfaitement occuper ce créneau et exprimer les « intérêts des Réunionnais ». Pour se faire élire, la droite n’a pas besoin d’un PCR dont l’influence est en recul permanent, d’autant que sans Vergès, qui avait une certaine aura dans l’île, le PCR ne pèse plus que par le nombre de ses voix, c’est-à-dire de moins en moins. La droite, qui dirige maintenant la région, a donc très peu de raisons de passer des accords avec le PCR, ce qui ne sera peut-être pas sans conséquence en termes de postes pour le PCR.

Le PCR maintient cependant la même ligne politique que sous Vergès, celle de la main tendue à tous les partis réunionnais pour la défense des « intérêts réunionnais ». En fait il n’a pas beaucoup le choix. Cinquante ans d’une telle politique ont façonné le parti, sélectionné un milieu autour de lui, tissé des liens privilégiés entre la direction du parti et la petite et moyenne bourgeoisie de l’île qui ne comprendrait certainement pas un changement de politique, et encore moins que le PCR cherche à défendre les intérêts spécifiques des travailleurs, une politique qui ne peut venir aujourd’hui à l’esprit de ses dirigeants.

Même si la nouvelle direction du PCR tient absolument à marquer la continuité de sa politique avec celle de Vergès, la bourgeoisie réunionnaise peut très bien aujourd’hui se contenter de ses partis traditionnels de la droite et de la gauche gouvernementale. Mais si elle pense ne plus avoir besoin du PCR, du moins dans l’immédiat, les choses pourraient changer dans le cas où la combativité ouvrière remonterait. Le PCR conserve encore un certain nombre de figures qui ont une certaine notoriété et qui seraient en mesure de peser dans une crise sociale afin de tenter de maintenir le flot de la contestation dans des limites acceptables par le patronat.

Quant à la revendication d’une assemblée unique, à laquelle le PCR réduit aujourd’hui la question de l’autonomie interne, elle pourrait être satisfaite au travers d’une collectivité regroupant le conseil régional et le conseil général ou départemental, dotée de pouvoirs supplémentaires, comme c’est le cas depuis peu à la Martinique et en Guyane. Il faudrait pour La Réunion modifier la Constitution (l’article 73). Des propositions en ce sens ont déjà été faites, par Vergès mais aussi par le PS, jusque-là sans suite. Ce serait cette assemblée qui par exemple déciderait d’augmenter les taxes sur l’essence pour pouvoir subventionner le patronat local, comme cela se fait déjà à la Martinique. Si le prochain gouvernement, de gauche ou de droite, concède une telle assemblée, le PCR la présentera comme une victoire de sa politique. Bien difficile de dire s’il en profitera électoralement. Cette question ne concerne d’ailleurs pas vraiment les travailleurs.

Les militants ou les ex-militants du PCR qui se placent du point de vue des intérêts des travailleurs doivent donc se poser la question de savoir à quelles fins leur énergie a été utilisée, pour quels intérêts sociaux et politiques. Réfléchir à cela est nécessaire, déjà pour rompre avec près de 60 ans d’une politique de collaboration de classes, et pour ensuite être en mesure de participer à l’effort nécessaire pour réimplanter les idées communistes et révolutionnaires dans la classe ouvrière.

25 mars 2017