15 octobre 2008
Lors du dernier congrès, nous avons pris la décision de nous présenter aux élections municipales de 2008, en recherchant un accord avec les partis de gauche là où ce serait possible, sous notre propre étiquette là où ce ne le serait pas. Dans le cadre d'un système électoral truqué, qui ne laisse que de maigres possibilités aux révolutionnaires pour accéder aux possibilités d'expression que peut donner la présence de révolutionnaires dans des assemblées élues, le mouvement ouvrier a toujours considéré l'éventualité de tels accords avec des partis réformistes, voire libéraux, comme envisageable.
Cette décision tenait compte de la situation politique du moment, c'est-à-dire du fait qu'un an après l'élection de Sarkozy à la présidence de la République, et après plus de cinq ans de gouvernements de droite, rééditer la campagne de 2001, c'est-à-dire proposer aux travailleurs de voter à l'occasion de ces municipales autant contre la politique de la gauche que contre celle de la droite, n'aurait guère eu de sens. D'autant que si les partis de gauche se discréditent à chacun de leur passage au gouvernement, ils suscitent le plus souvent, tel Antée, ce géant de la mythologie grecque qui trouvait de nouvelles forces après avoir touché terre, de nouvelles illusions dès que la droite a assumé le pouvoir un certain temps. Croire qu'ils sont vomis par les travailleurs relève, et les résultats de ces élections l'ont montré, d'illusions gauchistes.
La décision que nous avons prise tenait compte aussi du caractère local de ces élections, du fait que les conseils municipaux n'ont en fait guère de pouvoirs, et que c'est l'État central qui est le principal responsable des carences en matière de logements à loyers abordables, de transports en commun, de système de santé, dont souffre la population laborieuse. La gestion municipale par les réformistes, qu'ils soient du PCF ou du PS, est évidemment loin de ne se préoccuper que des seuls intérêts de la population laborieuse, même si elle en tient généralement bien plus compte que la droite, parce que cette population constitue leur électorat. Mais opposer à cette gestion une bonne gestion qui serait celle des révolutionnaires n'a aucun sens. Compte tenu de la législation actuelle, et des forces que les révolutionnaires sont aujourd'hui capables de mobiliser, il ne serait même pas possible de faire, à partir des municipalités, le travail que firent les premières municipalités socialistes ou communistes.
Bien que notre activité de propagande locale soit indépendante des élections municipales et de leurs résultats - nous avons à la mener et nous la menons dans des villes où nous n'avons pas de conseillers municipaux -, ces derniers peuvent être des points d'appui pour mener ce travail de rayonnement local. Ce n'est pas tant ce que nos élus pourraient dire dans les conseils municipaux qui nous intéressait que ce qu'ils pourraient dire à la population en tant que conseillers municipaux.
Dans les cas où le Parti communiste et le Parti socialiste s'affrontaient au premier tour sur des listes concurrentes, nous avons privilégié la recherche d'un accord avec le premier, mais pas parce qu'il nous paraît plus à gauche que son rival, pas parce qu'il n'aurait joué qu'un rôle d'appoint dans les gouvernements de l'Union de la gauche. Car le fait que le PCF n'a occupé que des strapontins ministériels n'enlève rien à sa responsabilité dans la désorientation et la démoralisation du monde du travail, dues à la politique de ces gouvernements « de gauche ». En un sens, sa responsabilité était encore plus grande que celle du Parti socialiste, puisqu'il jouissait d'un crédit bien plus grand dans la population laborieuse. Nous avons privilégié les accords avec le PCF parce qu'il organise ou qu'il a la sympathie du plus grand nombre de travailleurs combatifs, et que nous devons avoir une politique en direction de ces travailleurs.
Dans l'ensemble, là où nous avions conclu des accords pour participer à des listes d'union, les choses se sont passées correctement. Il n'y a que deux cas où nous avons été amenés à nous retirer avant le deuxième tour pour ne pas nous retrouver sur une liste où figuraient aussi des candidats du Modem. Dans le contexte politique difficile pour nous où se déroulaient ces élections municipales, le résultat, en termes de nombre d'élus, est relativement satisfaisant.
La recherche de candidats pour constituer nos listes, que nous ayons présenté des listes Lutte ouvrière ou que nous ayons finalement participé à des listes d'union, nous a permis de nouer des contacts avec un nombre non négligeable de sympathisants dont nous ignorions l'existence. Faire de ces sympathisants passifs des sympathisants actifs, les politiser, est une tâche nécessaire non seulement pour resserrer nos liens avec eux, mais surtout pour développer notre activité de rayonnement local.
Cette activité locale n'est nullement contradictoire avec l'importance que nous avons toujours donnée à notre présence dans les entreprises et à notre presse d'entreprise. Elle peut au contraire, à terme, nous permettre d'y accroître notre rayonnement en créant de nouveaux bulletins. C'est un objectif que nous ne devons pas perdre de vue.