Europe - La montée de l’extrême droite : une conséquence de la crise du capitalisme et une menace pour les travailleurs

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février 2013

Les résultats de la candidate du Front national à la dernière élection présidentielle ont marqué un progrès de l'extrême droite : obtenant 17,9 % des suffrages, soit 6 421 426 électeurs, Marine Le Pen a fait mieux que Le Pen père en 2002 qui, rappelons-le pour mémoire, avait réuni sur son nom au premier tour de l'élection présidentielle 4 804 713 voix (16,86 %) et au second tour, 5 525 032 voix (17,79 %). Aux élections législatives de 2012, les candidats présentés par le FN ont totalisé plus de 3,5 millions de voix au premier tour, soit 13,6 % des voix. Le FN n'a obtenu que deux députés mais cela ne traduit que le caractère foncièrement antidémocratique du système électoral, dont sont aussi victimes les organisations d'extrême gauche.

Mais rappelons encore qu'en 1997, au premier tour des élections législatives, le FN avait déjà obtenu plus de 3,7 millions de voix, représentant 14,94 % des électeurs, et que Le Pen avait déjà recueilli plus de 15 % des voix au scrutin présidentiel de 1995. Cela fait maintenant près de vingt ans que le Front national représente une part importante de l'électorat et pèse ainsi sur la vie politique.

Ce n'est pas la première fois que l'extrême droite, avant d'être incarnée par la dynastie Le Pen, se retrouve capable de s'affirmer en tant que telle. En fait, le poids politique de l'extrême droite est traditionnellement important depuis longtemps dans ce pays, avec des courants disposant d'une forte et ancienne influence dans certains milieux de la société : les catholiques intégristes, les partisans d'une restauration monarchique, les nostalgiques de la période coloniale, et plus largement la droite la plus nationaliste. Dans le passé, ces mouvances se sont retrouvées plus ou moins rassemblées derrière des organisations ou des hommes pour tenter de peser sur le pouvoir politique, n'hésitant pas à se mobiliser sur le terrain extra-parlementaire, en occupant violemment la rue ou en usant de méthodes terroristes.

L'extrême droite divisée entre Pétain et De Gaulle...

Rappelons que, dans les années 1930, de nombreuses organisations d'extrême droite, depuis l'Action française, les Croix-de-Feu et d'autres encore, se revendiquant plus ou moins ouvertement du fascisme italien ou du nazisme, regroupaient des dizaines de milliers de personnes, bénéficiant de soutiens politiques et financiers dans la bourgeoisie. En 1940, après la défaite des armées françaises face à l'Allemagne, l'avènement du régime de Pétain constitua pour une grande partie de ces militants une « divine surprise », pour reprendre l'expression de Charles Maurras, fondateur de l'Action française, permettant à certains d'entre eux d'occuper des responsabilités politiques aux plus hauts sommets de l'État.

Mais rappelons aussi qu'une fraction de ces milieux se sont reconnus dans la personne de de Gaulle, ce militaire issu lui-même de l'extrême droite nationaliste. Ils étaient en 1940 beaucoup moins nombreux que les pétainistes mais, à partir du moment où la défaite de l'impérialisme allemand sembla de plus en plus assurée, nombreux furent ceux qui se rallièrent à de Gaulle et à la Résistance.

L'itinéraire d'un Mitterrand, sympathisant des Croix-de-Feu dans sa jeunesse, puis résistant à partir de 1942, est à l'image de l'évolution d'une grande partie du personnel politique de la bourgeoisie française. Pour la bourgeoisie, le choix entre Pétain et de Gaulle représentait deux politiques qui lui permettaient de sauvegarder ses intérêts en restant à chaque fois dans le camp de l'impérialisme le plus puissant du moment.

Pour pouvoir rassembler derrière lui l'ensemble des forces politiques se revendiquant de la Résistance, de la gauche à l'extrême droite, de Gaulle bénéficia du soutien du Parti communiste. Staline, engagé dans une politique d'alliance avec l'impérialisme américain, avait lancé l'ensemble des partis communistes du monde dans la création de « Fronts nationaux », regroupant, aux côtés des staliniens, tous les représentants de la bourgeoisie qui acceptaient d'en faire partie. L'objectif était de ligoter politiquement le prolétariat, de le subordonner à des représentants de la bourgeoisie, pour prévenir tout risque de mouvements révolutionnaires susceptibles de survenir à la fin de la guerre.

En France, cela se fit derrière de Gaulle. En contrepartie de cet appui qui lui avait permis de s'imposer comme l'unificateur de la Résistance, puis comme le dirigeant du gouvernement de Libération nationale, de Gaulle avait alors fait le choix d'y introduire, pour la première fois en France, des ministres communistes. Il avait fait le calcul, qui s'est avéré juste, que le Parti communiste se révélerait un facteur de stabilisation de la situation sociale et le meilleur garant de l'ordre après des années de guerre et de souffrance, alors que l'appareil d'État pouvait se retrouver affaibli et contesté après des années de collaboration avec les occupants allemands.

Quelques années plus tard, le même de Gaulle utilisa la popularité que le Parti communiste avait contribué à créer pour tenter de jouer le rôle d'homme providentiel dans le contexte d'affrontement politique du début de la guerre froide.

L'extrême droite rassemblée derrière De Gaulle

Après avoir quitté le pouvoir en 1946, en désaccord avec la mise en place des institutions de la 4e République, il entra dans l'opposition et créa, en avril 1947, une organisation, le Rassemblement du peuple français (RPF), qui, par son anticommunisme et par ses attaques contre le « régime des Assemblées », par ses méthodes violentes (des membres du RPF s'attaquèrent physiquement à des militants et à des meetings communistes), se situait clairement à l'extrême droite de l'échiquier politique. Aux élections municipales d'octobre 1947, le RPF obtint 35 % des suffrages et put conquérir les mairies de plusieurs grandes villes comme Lille, Marseille et Bordeaux.

Se retrouvaient derrière de Gaulle des électeurs aux motivations différentes, ce qui expliquait l'ampleur de son succès. Il restait aux yeux de certains l'homme de la Résistance, voyant en lui un sauveur dans la situation matériellement très dure de l'après-guerre, marquée par les sacrifices imposés à la population au nom de la « reconstruction ». De Gaulle cherchait aussi à rassembler derrière lui tous ceux qui craignaient la « menace communiste » dans ce contexte de début de guerre froide, alors que le PCF, renvoyé dans l'opposition, organisait des grèves très dures, cherchant à se redonner une image radicale après plusieurs années passées au gouvernement à s'opposer à tout mouvement revendicatif.

Quand, en 1953, notamment après une série de revers électoraux, de Gaulle jugea impossible un retour au pouvoir à court terme, il fit le choix de se mettre en retrait de la vie politique, laissant beaucoup des parlementaires et des dirigeants de son parti aller « à la soupe », pour reprendre l'expression qu'il employa alors. Cette décision mettait un terme à l'existence politique du RPF. De Gaulle attendait désormais une occasion plus propice de jouer ce rôle de sauveur suprême.

Dans l'intervalle, un autre homme de droite, Pierre Poujade, connut un éphémère succès sur la base d'une démagogie mêlant antiparlementarisme, antisémitisme, critiquant le « bradage de l'Empire » et se posant en porte-parole des petits contre les gros. Le poujadisme entraîna ainsi dans son sillage toute une partie de l'extrême droite. Il se distingua aussi par des actions violentes, comme la mise à sac de perceptions, qui lui permirent de trouver l'oreille de nombreux petits patrons, artisans et commerçants. Le mouvement de Poujade parvint à obtenir, aux élections législatives de 1956, 11 % des voix et une cinquantaine de députés.

De Gaulle au pouvoir

Ce fut la guerre d'Algérie, à partir de 1954, et l'incapacité des gouvernements successifs d'y mettre un terme qui permirent à de Gaulle de revenir sur le devant de la scène.

Au bout de quelques années de cette sale guerre coloniale, il apparut de plus en plus clairement aux représentants les plus lucides de la bourgeoisie française qu'il était nécessaire de mettre fin à un conflit coûteux et, pour cela, de reconnaître l'indépendance de l'Algérie. Mais cela, il fallait l'imposer à tous ceux qui, à droite et à l'extrême droite, refusaient de voir que le temps des colonies était passé, à l'armée et aux activistes partisans de l'Algérie française. Or, les politiciens qui se succédaient au pouvoir se montraient trop lâches pour cela. Le socialiste Guy Mollet fut assurément l'un de ceux qui capitulèrent de la façon la plus spectaculaire et la plus pitoyable devant les exigences des partisans de la guerre coloniale : arrivé au pouvoir en 1956 après avoir fait campagne pour la paix, Guy Mollet renforça au contraire l'effort militaire et envoya le contingent.

Dans ce contexte, de Gaulle utilisa les réseaux qu'il avait maintenus depuis sa retraite politique, notamment dans l'armée et dans l'extrême droite. À l'issue de plusieurs journées de mobilisation et de barricades à Alger en mai 1958, les partisans de l'Algérie française imposèrent son retour au pouvoir, pensant trouver en lui leur meilleur représentant.

Mais, après avoir entretenu l'ambiguïté sur ses intentions, de Gaulle, en représentant responsable des intérêts de la bourgeoisie française, s'orienta de plus en plus clairement vers la reconnaissance de l'indépendance algérienne, engageant finalement des négociations avec le Front de libération algérienne.

Les partisans de l'Algérie française se sentirent trahis et une partie d'entre eux constituèrent l'Organisation de l'armée secrète (OAS), qui se livra à des attentats et à des assassinats en Algérie et en France même. Ce terrorisme se déchaîna particulièrement dans les derniers mois de la guerre. Cette politique ne visait pas à empêcher l'accession de l'Algérie à l'indépendance, qui était inéluctable. Les dirigeants de l'OAS en avaient tout à fait conscience. En créant ce climat de guerre jusqu'au bout, ils voulaient contraindre à l'exode les Français d'Algérie, les réduire à choisir entre « la valise et le cercueil ». Ils faisaient le calcul cynique que le million d'Européens, transformés en réfugiés, rendus désespérés et haineux par l'issue du conflit, pourraient servir de base à un parti fasciste en métropole.

Mais les espoirs de l'OAS furent déçus car la situation économique des années 1960 permit finalement à la société française d'intégrer ces nouveaux arrivants. Dans ces années-là, les pouvoirs publics lancèrent des programmes de construction de logements et la croissance de l'économie nécessitait un afflux de main-d'œuvre.

Pour autant, l'extrême droite ne disparut pas. En 1965, l'avocat Tixier-Vignancourt, défenseur de l'OAS, se présenta à la première élection du président de la République au suffrage universel et arriva en quatrième position, avec un peu plus de 5 % des voix. Il avait comme directeur de campagne un certain Jean-Marie Le Pen, un ancien député poujadiste qui avait rejoint les paras comme engagé volontaire pendant la guerre d'Algérie.

La question algérienne avait provoqué un divorce profond et durable au sein de la droite et de l'extrême droite, avec des haines tenaces entre gaullistes et anciens partisans de l'Algérie française. En 1964 encore, de Gaulle échappa à un attentat organisé par des anciens de l'OAS. Avec la mise en place de la 5e République et son mode de scrutin particulièrement antidémocratique qui interdisait quasiment toute représentation parlementaire aux petits partis, l'extrême droite antigaulliste était condamnée à rester écartée des institutions. Ainsi un certain nombre de politiciens de droite - les Longuet, Madelin, Devedjian... - commencèrent leur carrière à l'extrême droite mais ils ne purent accéder aux allées du pouvoir et aux ministères qu'après avoir intégré les organisations de la droite traditionnelle qu'ils avaient dénoncées dans leur jeunesse.

L'extrême droite ne put revenir sur le devant de la scène politique qu'avec les premiers succès électoraux du Front national, au début des années 1980.

Le retour de l'extrême droite avec le Front National

Le Front national s'est constitué en 1972, en regroupant une grande partie de ce que l'extrême droite comptait de nostalgiques de Vichy et de l'Algérie française, de chrétiens intégristes, de néo-nazis. Le Pen s'est imposé à la tête du Front national en flattant toutes les composantes de son parti.

Pendant dix ans, cette organisation resta ultra-minoritaire. Le Pen, aux élections présidentielles de 1974, obtint 0,75 % des voix. En 1981, il ne parvint pas à trouver les parrainages nécessaires pour se présenter.

C'est l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 qui modifia la situation politique, lui permettant d'accroître très rapidement son audience. La politique que la gauche mena au gouvernement, le « tournant de la rigueur », les licenciements dans la sidérurgie déçurent, écœurèrent et désorientèrent une partie de l'électorat populaire qui avait soutenu la gauche. Une partie commença à prêter l'oreille aux discours de l'extrême droite.

Du côté de la droite, au sein des catégories de la petite bourgeoisie qui étaient hostiles à la gauche, le sentiment d'exaspération était d'autant plus fort que les partis de droite dans l'opposition dénonçaient avec virulence le gouvernement « socialo-communiste ». Et, à travers le PS, c'était la classe ouvrière et ses organisations, les syndicats, qui étaient attaqués et désignés comme responsables de toutes les difficultés. Une fraction de l'électorat de droite se tourna très rapidement vers le FN.

Aux élections cantonales de mars 1982, à Dreux, le candidat frontiste Jean-Pierre Stirbois recueillit 12,6 % des voix. Après trois années de gauche au pouvoir, aux élections européennes de juin 1984, le FN parvint à rassembler 10,95 % des électeurs. Depuis, aux élections qui suivirent, ses résultats se situèrent le plus souvent au-dessus de 15 % des voix.

Mais, jusqu'à aujourd'hui, le système électoral a permis à la droite de se passer du soutien du FN et de refuser toute alliance avec lui au niveau des états-majors nationaux. Cela n'a pas empêché le FN de réussir, à la fin des années 1980 et dans les années 1990, à attirer au niveau local de nombreux élus et cadres de la droite ou à conclure avec elle des alliances de fait, voire revendiquées. Ainsi, aux élections régionales de 1998, plusieurs présidents de régions de droite avaient dû leur élection au soutien des élus du FN.

Aujourd'hui, après la défaite de Sarkozy et le retour de la gauche au pouvoir, la stratégie de Marine Le Pen vise à devenir une composante de la droite, peut-être même la composante principale. C'est en tout cas l'ambition affichée de la dirigeante du FN.

Ce scénario n'est pas invraisemblable au vu de l'exemple d'un certain nombre de pays d'Europe où l'extrême droite a pu connaître des succès électoraux.

Les progrès de l'extrême droite en Europe

Le renforcement de l'extrême droite ne constitue pas une spécificité française. Depuis au moins aussi longtemps, dans un certain nombre de pays d'Europe, des partis aux origines et aux histoires très différentes, mais ayant en commun de se situer à l'extrême droite de la vie politique, ont connu une augmentation de leur influence, au moins sur le plan électoral.

L'audience obtenue par ces mouvements montre que cette Union européenne qui vient de se voir attribuer le prix Nobel de la paix est gangrenée par la montée d'idées réactionnaires et nauséabondes.

Dans cette Union européenne dont les dirigeants vantent le prétendu « modèle social », les populations sont soumises partout à des plans d'austérité qui font régresser leurs conditions de vie, à la remise en cause des systèmes de retraite et de santé. Depuis des années, l'ensemble des bourgeoisies européennes livrent une guerre sociale impitoyable contre les travailleurs, pour leur faire payer la crise de leur système.

L'Europe du capitalisme, c'est l'Europe des licenciements et du chômage (près de 25 millions de chômeurs en 2012). D'après l'agence de statistiques Eurostat, près de 120 millions de personnes étaient « menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale » en 2011, soit près du quart de la population de l'Union européenne !

Les préjugés nationalistes, la xénophobie et le racisme ont pu se renforcer sur le terreau du chômage, de la pauvreté et de la misère. Les démagogues se situant sur le terrain politique de l'extrême droite ont d'autant plus prospéré qu'ils bénéficièrent du discrédit des partis traditionnels qui se succédèrent au pouvoir ces dernières années pour imposer partout des plans d'austérité.

La Suisse offre l'exemple d'un parti, l'Union démocratique du centre (UDC), dont la rhétorique contre l'immigration n'a rien à envier à celle du Front national. Rappelons que ce parti, en novembre 2009, a proposé un référendum contre la construction de minarets. Cela ne l'empêche pas d'être tout à fait intégré dans la vie politique suisse, avec, depuis sa création en 1971, un représentant au sein du Conseil fédéral, l'exécutif suisse, le gouvernement. L'UDC est devenu le premier parti suisse, en 2003 en nombre d'électeurs, avec plus de 27 % des voix, et en 2007 en nombre de représentants au Conseil national, l'équivalent de la Chambre des députés en Suisse (où ils représentent un quart des élus). De 2004 à 2007, son dirigeant de l'époque, Blocher, est parvenu à devenir l'équivalent suisse du ministre chargé de la justice et de la police et, à ce titre, de l'immigration.

En allant chercher leurs thèmes de campagne dans le même fonds de commerce, sur le terrain de la xénophobie et de l'islamophobie, dans plusieurs États de l'Union européenne, des partis issus de la droite extrême ont rencontré des succès électoraux et ont pu intégrer des majorités gouvernementales.

Au Danemark, le Parti populaire danois, fondé en 1995, avait obtenu, aux élections législatives de 2007, près de 14 % des voix, arrivant ainsi en troisième position. À partir du début des années 2000, il a apporté son soutien à un gouvernement de droite en contrepartie de l'adoption d'une législation sur l'immigration jugée parmi les plus restrictives d'Europe.

Autre exemple de gage donné à l'extrême droite, le gouvernement danois a rétabli des contrôles douaniers à ses frontières en juillet 2011. Cela remettait en cause la liberté de circulation des citoyens européens au sein de l'espace européen garantie par les accords de Schengen. Et cela n'a pas manqué de provoquer une réaction de la Commission européenne, une réaction restée purement verbale... Une cinquantaine d'agents des douanes ont donc été déployés à la frontière allemande et à la frontière suédoise, coûtant 36 millions d'euros aux contribuables danois.

Toutes ces mesures n'ont pas permis à la droite de rester au pouvoir, puisqu'elle a été battue en septembre 2011 par une coalition de gauche. Celle-ci est revenue sur le rétablissement des contrôles aux frontières mais pas sur la législation sur l'acquisition de la nationalité. Sensible elle aussi à la pression du Parti populaire danois qui, s'il a connu un recul aux dernières élections, retrouvant avec 12 % des voix son niveau de 2001, reste tout de même le troisième parti danois.

Les Pays-Bas ont aussi connu l'affirmation d'un mouvement qui propage la même xénophobie. Le Parti pour la liberté, créé en 2006 par un politicien issu du sérail politique, Geert Wilders, est devenu rapidement la troisième force politique du pays, passant d'environ 6 % à un peu plus de 15 % des voix aux élections législatives de 2010. Wilders a conclu, en juin 2010, un accord de coalition avec la droite au pouvoir, lui assurant une majorité parlementaire en échange de l'adoption là aussi de mesures de restriction de l'immigration et d'un durcissement des conditions d'acquisition de la nationalité néerlandaise.

En avril dernier, refusant de soutenir l'adoption d'un plan d'économies de 16 milliards d'euros, Geert Wilders a retiré son soutien au gouvernement, provoquant une crise politique et des élections anticipées. À ce scrutin, en septembre 2012, son parti a connu un recul important mais il continue de rassembler 10 % des électeurs.

Dans deux cas, en Autriche et en Italie, des représentants de l'extrême droite ont pu faire leur entrée dans un gouvernement.

Autriche : l'extrême droite alliée à la droite... et à la gauche

En Autriche, en février 2000, le choix d'un dirigeant de la droite traditionnelle d'intégrer dans son gouvernement des ministres issus d'une formation d'extrême droite, le FPÖ, avait suscité une levée de boucliers au niveau européen. La majorité des dirigeants de l'Union européenne avaient adopté des sanctions, comme la suspension des relations bilatérales avec l'Autriche, destinées à rester symboliques, c'est-à-dire sans véritable conséquence.

Le FPÖ, Parti autrichien de la liberté, avait accueilli lors de sa fondation, en 1955, des anciens nazis dont l'activité s'était cantonnée au terrain de l'anticommunisme, notamment en se prétendant porte-parole des Allemands expulsés de la Yougoslavie et des pays d'Europe de l'Est passés dans le glacis soviétique, comme la Tchécoslovaquie et la Hongrie.

Mais il faut aussi rappeler que le FPÖ avait déjà participé une première fois à une coalition gouvernementale entre 1983 et 1986,... aux côtés, dans ces années-là, du SPÖ, le Parti social-démocrate autrichien !

Il faut dire que le Parti social-démocrate, depuis la fin de la guerre, n'avait jamais été gêné pour flirter avec l'extrême droite, recyclant nombre d'anciens hauts fonctionnaires nazis. Il y eut même un gouvernement socialiste comprenant quatre ministres SPÖ avec un passé nazi, en 1970.

En 1986, avec l'arrivée à sa tête de Jorg Haider, le FPÖ prit un virage plus droitier. À plusieurs reprises, Haider a fait scandale en faisant des déclarations en direction des nostalgiques de la période nazie, faisant l'éloge de la « politique de l'emploi du IIIe Reich », ou qualifiant la Waffen SS de « partie de l'armée allemande à laquelle il faut rendre honneur ». Mais son cheval de bataille a été bien davantage la dénonciation des étrangers, principalement les Turcs, mais aussi tous ceux venant des pays de l'Est. Le FPÖ a aussi mené campagne contre l'entrée de l'Autriche dans l'Union européenne en 1995. Après son succès aux élections législatives de 1999, obtenant près de 27 % des voix, l'ÖVP, le parti de droite traditionnel, lui proposa de participer au gouvernement.

Au niveau régional, il y eut d'autres coalitions régionales entre les grands partis et le FPÖ. Haider a été élu gouverneur de la Carinthie, une région d'Autriche, en 1989, puis une nouvelle fois en 1999 avec le soutien de l'ÖVP, et en 2004, avec cette fois le soutien du SPÖ !

Le FPÖ avait profité du discrédit subi par les deux grands partis qui se partageaient le pouvoir, successivement ou ensemble dans le cadre de coalitions. Mais la participation gouvernementale n'a pas forcément réussi à Haider et à son parti. Celui-ci se divisa entre les partisans de l'alliance avec la droite et ceux qui y étaient hostiles. Haider, favorable à la poursuite de la coalition, quitta le FPÖ en 2005 et créa un autre parti, le BZÖ (Alliance pour l'avenir de l'Autriche), avant de trouver la mort, en 2008, dans un accident de voiture, alors qu'il conduisait en état d'ivresse. Cela donna lieu à des funérailles retransmises en direct à la télévision publique, auxquelles assistèrent les représentants de presque tous les partis, ainsi que le président de la République et le Premier ministre social-démocrate.

Mais cette scission, si elle a affaibli le FPÖ, n'a pas pour autant provoqué un reflux de l'extrême droite : aux élections législatives de 2008, les deux partis concurrents d'extrême droite parvenaient à rassembler le suffrage de 29 % des électeurs ; plus récemment, en octobre 2011, aux élections municipales, à Vienne, le FPÖ est arrivé en deuxième position avec 27 % des voix.

Les post-fascistes italiens au pouvoir grâce à Berlusconi

En Italie, l'extrême droite a pendant longtemps été incarnée principalement par une organisation, le MSI (Mouvement social italien), qui apparaissait comme l'héritière du parti de Mussolini. Créé en 1946 par d'anciens dignitaires du régime fasciste, le MSI est resté marginal dans la vie politique italienne. Il représentait une part minoritaire mais tout de même non négligeable de l'électorat, entre 5 et 10 % suivant les scrutins, avec une implantation plus marquée dans le sud de l'Italie.

Au début des années 1990, la situation politique italienne a connu des changements importants. La Démocratie chrétienne, le parti de droite qui occupait le pouvoir sans discontinuer depuis le lendemain de la guerre, ainsi que le Parti socialiste furent emportés dans le vaste scandale de corruption entraîné par les enquêtes du pool de juges milanais dit des Mani pulite (les mains propres). Toute une opération de recomposition du paysage politique italien, inspirée au plus haut niveau, se dessina alors.

L'électorat de droite, privé de sa représentation traditionnelle trop discréditée, se retrouvait disponible. Silvio Berlusconi, homme d'affaires, magnat de l'audiovisuel et président du club de foot Milan AC, prit la place laissée libre à droite en créant en 1994, en quelques mois, un nouveau parti, Forza Italia. Un certain nombre de dirigeants démocrates-chrétiens purent ainsi être recyclés. Mais l'opération se compléta du recyclage d'une partie de l'extrême droite, désormais munie d'un brevet « démocratique ».

Doublant ses résultats électoraux, le MSI capta lui aussi une fraction des électeurs de droite. En 1993, au premier tour des élections municipales à Rome, son dirigeant, Gianfranco Fini, devança tous les candidats de droite et rassembla, au second tour, 46 % des électeurs. Fini orienta son parti dans une opération de recentrage, pour lui ouvrir la possibilité d'accéder à des responsabilités locales et nationales, concluant une alliance électorale avec Berlusconi qui cherchait à constituer autour de lui une grande coalition de droite. Pour marquer la rupture avec son passé « fasciste », Fini se déclara « post-fasciste ». Il acheva sa mue en un parti plus présentable, plus acceptable au sein d'un gouvernement, en adoptant un nouveau nom : le MSI adopta en 1995 le nouveau nom d'Alliance nationale. Non sans abandonner sur sa droite un certain nombre de nostalgiques en désaccord avec cette intégration au système politique qu'ils dénonçaient. Ils créèrent le MSI-flamme tricolore qui continue à recueillir de 1 à 2 % des voix aux élections, passant des accords avec le parti réactionnaire plus traditionnel, baptisé tout simplement La Droite, de Daniela Santanchè.

Cette intégration au monde gouvernemental sous les auspices de Berlusconi a permis à bon nombre de post-fascistes d'accéder à des fonctions de premier plan. Fini put ainsi devenir vice-président du Conseil des ministres de 2001 à 2006 et ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2006, puis, depuis 2008, président de la Chambre des députés. Poussant cette stratégie d'alliance jusqu'à sa conclusion ultime, l'Alliance nationale, en 2009, décida de se dissoudre dans le parti unique de Berlusconi, le Peuple de la liberté (PDL). Fini se brouilla ensuite, en 2010, avec Berlusconi, créant un nouveau parti, Futur et liberté pour l'Italie (FLI). Ce n'était certes pas pour tenter de ressusciter l'ancienne organisation d'extrême droite. Au contraire, Fini voudrait maintenant tirer parti de l'image de politicien de droite sérieux et responsable qu'il a acquise en prenant ses distances d'avec les frasques de Berlusconi.

Mais la crise politique du début des années 1990 favorisa aussi l'émergence d'une autre organisation : la Ligue du Nord, qui apparut d'abord comme un parti régionaliste, mais qui dut également son succès à la reprise d'un certain nombre de thèmes traditionnels de l'extrême droite.

Fondée en 1989 par Umberto Bossi, ce parti remporta ses premiers succès électoraux dans le nord du pays en reprenant une vieille démagogie réactionnaire qui rencontre traditionnellement un certain écho dans les milieux de la petite bourgeoisie du Nord, contre les Italiens du Sud, contre les politiciens corrompus de Rome, argumentant sur le poids que représenteraient l'État central et l'Italie du Sud pesant sur le Nord riche et industrieux. Bossi revendiquait l'indépendance de la Padanie, nom qu'il donne au nord de l'Italie. Mais, démagogue avant tout, La Ligue du Nord met en avant, suivant les circonstances, les revendications autonomistes ou indépendantistes du Nord ou les discours xénophobes contre l'immigration.

La Ligue du Nord a atteint au plus fort de sa progression environ 8,5 % des voix aux élections législatives de 2009 à l'échelle nationale, mais jusqu'à 30 % dans certaines régions. Le mode de scrutin et sa forte implantation locale l'ont rendue indispensable aux majorités dites de centre-droit.

Aux dernières élections municipales de mai 2012, la Ligue du Nord a connu une véritable débâcle, payant l'implication de Bossi et de plusieurs proches dans une affaire de corruption, mais aussi évidemment le fait d'avoir été associée au gouvernement pendant plusieurs années, qui lui vaut maintenant d'être considérée comme un parti comme les autres et entraînée dans leur discrédit général.

Tous les exemples cités montrent que la frontière entre la droite dite classique, conservatrice ou extrême, et l'extrême droite a toujours été partout assez floue, tous ces mouvements se disputant l'audience, sur le plan électoral, des fractions les plus anticommunistes, les plus réactionnaires, les plus nationalistes et xénophobes de la population.

Ces exemples donnent aussi l'image d'une extrême droite dont l'intervention reste cantonnée au terrain électoral et qui s'intègre assez facilement dans le système politique, même si, pour attirer des électeurs, elle le dénonce parfois avec virulence. C'est pourquoi d'ailleurs certaines organisations, étroitement associées au pouvoir, ont pu à leur tour subir le discrédit des grands partis gouvernementaux.

Mais une autre évolution, plus lourde de menaces, est possible, comme deux autres exemples récents l'ont montré.

La menace d'une évolution vers l'émergence d'organisations fascistes : en Hongrie, les milices de Jobbik...

En Hongrie, le principal parti de droite, le Fidesz, dont le dirigeant, Viktor Orbán, est devenu chef du gouvernement en 2010, succédant au Parti social-démocrate, l'ancien parti communiste stalinien, renvoyé dans l'opposition après plusieurs années au pouvoir à mener une sévère politique d'austérité.

Orbán développe des thèmes qui le situeraient, en France, aussi à droite que le Front national. Dès le début de son mandat, et fort de la majorité absolue au Parlement, il a organisé la révision complète de la Constitution. Le nouveau texte fait référence aux racines chrétiennes du pays et au « sang hongrois », excluant très implicitement tous les non-Magyars, à savoir les Juifs, les Roms, et les communistes.

Dans le sillage de ce parti déjà très à droite s'est développée une organisation, le Jobbik, qui fait de la surenchère sur le même terrain nationaliste et xénophobe. Lors des élections législatives d'avril 2010, le Jobbik a obtenu 17 % des voix et 47 députés. Ce parti attire à lui des nostalgiques de la Grande Hongrie, mais aussi ceux qui se retrouvent dans la nostalgie du nazisme hongrois, Hitler ayant permis à son allié hongrois de récupérer une partie de son territoire historique [[Par le traité du Trianon de 1920, les puissances impérialistes sorties victorieuses de la Première Guerre mondiale imposèrent un découpage de l'ancien empire d'Autriche-Hongrie qui réduisit des deux tiers le territoire de la Hongrie et fit passer sa population de 20 à 8 millions d'habitants. Aujourd'hui, 2,6 millions de Hongrois se retrouvent dispersés en Roumanie, en Slovaquie, en Croatie ou en Ukraine. Le retour de ces Hongrois dans la « Grande Hongrie » est un thème récurrent dans les milieux conservateurs et l'extrême droite.]].

À côté du Jobbik parade régulièrement la Nouvelle garde hongroise, une formation paramilitaire de quelques milliers d'hommes et de femmes au crâne rasé. Leur uniforme rappelle ceux des milices pronazies de la période où la Hongrie était occupée par l'armée allemande. Une de leurs activités favorites consiste à parader dans les petites villes et bourgs du nord et de l'est de la Hongrie, une région pauvre, où les sociaux-démocrates ont massivement perdu leur influence électorale au profit de la droite et de l'extrême droite. Le but de ces démonstrations musclées est d'aller terroriser la minorité rom, en s'installant autour des quartiers où celle-ci habite, avec des chiens d'attaque et des gourdins, pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Son chef, Gabor Vona, a paradé en uniforme de la Garde hongroise en pleine session de l'Assemblée législative. Il a fallu plusieurs protestations de députés socialistes avant que le président de l'Assemblée, membre du Fidesz, ne le fasse évacuer de mauvais gré.

Avec le Jobbik, on a l'exemple d'une organisation qui, par ses méthodes, se rapproche d'une formation de type fasciste.

... et en Grèce, celles de l'Aube dorée

Les élections qui ont eu lieu le 6 mai 2012 en Grèce montrent comment la situation politique, dans un contexte de crise, peut évoluer très vite. L'organisation d'extrême droite l'Aube dorée est passée de 0,23 % aux précédentes législatives, à près de 7 %.

L'autre organisation d'extrême droite, le Laos, a vu ses résultats divisés par deux, payant probablement sa récente participation au gouvernement. Mais il atteint tout de même près de 3 % des voix.

L'Aube dorée se réclame ouvertement de Hitler ; ses militants au crâne rasé font le salut nazi, bras tendu ; son emblème ressemble à une croix gammée. Dans ses discours, son dirigeant proclame sa volonté de remettre la Grèce en ordre par la méthode forte. Et cela ne se limite pas à des discours car ses militants organisent des tabassages d'immigrés à Athènes.

L'audience acquise rapidement par ce parti (et confirmée par le scrutin du 17 juin dernier où il a de nouveau obtenu 7 % des voix) l'a été sur la base d'une idéologie et de méthodes d'une organisation fasciste. Son développement ultérieur peut l'amener à s'intégrer, comme bien d'autres organisations d'extrême droite, dans le jeu politique traditionnel. Mais, avec l'aggravation de la crise, il peut aussi, sur la base de cette politique, trouver de nouvelles troupes dans les rangs des commerçants ruinés ou des jeunes condamnés au chômage sans aucun espoir de trouver jamais un travail.

Quelle politique opposer à la menace représentée par l'extrême droite ?

Cette évolution ne dépend pas des choix des dirigeants actuels des organisations d'extrême droite. Si demain la crise s'aggrave, elle fournira des troupes à une éventuelle organisation fasciste. Et il se trouvera dans les rangs des organisations de l'extrême droite - mais pas seulement -des hommes pour organiser ces troupes et jouer ainsi un rôle politique sur cette base-là.

Des mouvements comme le fascisme en Italie dans les années 1920 et le nazisme en Allemagne dans les années 1930 ont été capables de dresser contre la classe ouvrière les masses de la petite bourgeoisie frappée par la crise. Pour reprendre l'expression de Trotsky, la fonction du fascisme est d'utiliser, dans une situation de crise, la petite bourgeoisie comme un bélier contre la classe ouvrière et ses organisations et d'instaurer sur l'ensemble de la société la forme la plus brutale de la dictature du grand capital.

De telles organisations pourront être utilisées contre la classe ouvrière et ses organisations sans pour autant que les classes dirigeantes acceptent de lui confier les clefs du pouvoir.

Même en Allemagne, dans les années 1930, la bourgeoisie ne s'est résolue à donner le pouvoir aux nazis qu'en dernière extrémité. Et bien des pays, dans l'entre-deux-guerres, ont connu des régimes autoritaires, avec des organisations fascistes disposant de milices et jouant le rôle de supplétifs de la police contre les militants ouvriers et contre l'ensemble des travailleurs.

Telle est la menace qui peut demain se profiler en cas d'une nouvelle aggravation de la crise. Nulle part, pour le moment, la classe ouvrière n'est confrontée à une telle situation. Mais une course de vitesse est engagée. Face à la bourgeoisie partout à l'offensive, la classe ouvrière est pour le moment démoralisée et ne rend pas les coups. Mais la combativité peut connaître un regain rapide, des explosions de colère peuvent survenir, comme on a pu le voir dans plusieurs pays récemment, de l'Espagne à la Grèce.

Durant la précédente grande crise du capitalisme, dans les années 1930, dans de nombreux pays d'Europe, face aux mouvements d'extrême droite, les partis communistes qui, sous l'emprise du stalinisme, ne représentaient déjà plus les intérêts de la révolution prolétarienne, avaient tout de même incarné pour de larges masses un espoir de transformation sociale.

Ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui, où la classe ouvrière est atomisée et désorientée politiquement. L'absence d'un parti représentant ses intérêts matériels et politiques la prive d'une boussole politique qui permette à la plus grande masse de se repérer, de se forger une conscience de classe.

Un tel parti, vraiment communiste et révolutionnaire, sera indispensable à la classe ouvrière, pour organiser et mener les combats face aux attaques de la bourgeoisie contre ses conditions de vie, et peut-être demain contre ses organisations et ses libertés. La classe ouvrière aura besoin d'un parti qui lui permette d'entraîner à sa suite, derrière elle, d'autres couches de la société victimes de la crise, de les convaincre qu'elle seule est capable d'offrir une perspective de changement.

Dans certaines périodes, celles où les luttes de classes prennent un caractère ouvert et explosif, les partis révolutionnaires peuvent naître et se développer très rapidement. Quand la classe ouvrière redressera la tête, des milliers d'exploités seront susceptibles de se tourner vers les idées communistes. Mais encore faut-il qu'un peu partout il y ait des militants pour déployer ce drapeau de la révolution sociale.

C'est pourquoi la tâche prioritaire de tous ceux qui refusent de voir la société entraînée dans la faillite du capitalisme en crise est, aujourd'hui, de tout faire pour défendre ces idées communistes, pour les propager parmi les travailleurs et d'œuvrer, dès aujourd'hui, à la construction d'un parti communiste révolutionnaire.

13 janvier 2013