Israël-Palestine, entre massacres et colonisation

печать
juillet-août 2018

Depuis le 30 mars, des manifestations appelées par de nombreuses organisations palestiniennes réunissent régulièrement des milliers de personnes à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. Lors de chacune de ces marches, le même scénario se reproduit : une partie des manifestants se rapprochent des barrières de sécurité et l’armée israélienne tire à balles réelles sur des femmes, des hommes et des enfants désarmés, n’hésitant pas à commettre à chaque fois une nouvelle tuerie. Au moment où nous écrivons cet article, le bilan des victimes s’élève à plus de 120 morts et 3 700 blessés.

Ces Palestiniens manifestent, comme ils le font d’ailleurs chaque année à cette période, pour rappeler que la création d’Israël s’est faite en expulsant de leurs terres et de leurs maisons plus de 700 000 Palestiniens, transformés en réfugiés condamnés à vivre dans des camps disséminés dans la région.

En se mobilisant, les habitants de Gaza entendaient aussi dénoncer le blocus qu’ils subissent depuis plus de dix ans. Dans cette enclave côtière, longue de 41 kilomètres et large de 6 kilomètres à 12 kilomètres, vivent près de deux millions de personnes. Après avoir mené trois guerres en 2008, 2012 et 2014, et causé d’innombrables destructions, les autorités israéliennes interdisent, totalement ou partiellement, l’entrée de nombreuses marchandises essentielles, empêchant toute véritable reconstruction et condamnant 80 % des habitants à vivre de l’aide humanitaire. Même les médicaments les plus indispensables font défaut, l’électricité n’est assurée que quelques heures par jour et, du fait de la destruction des équipements, l’eau distribuée n’est en général pas consommable.

Enfin, le soutien ouvert apporté par Trump au gouvernement israélien depuis son arrivée à la Maison-Blanche a encore accru la colère des Palestiniens. En annonçant en décembre 2017 le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, il reconnaissait à cette ville le statut de capitale. Ce transfert était une des revendications des gouvernements israéliens depuis qu’en 1980 le Parlement israélien avait voté l’annexion de la partie orientale de la ville, occupée depuis 1967 et dont la population est majoritairement palestinienne.

C’était aussi une des promesses électorales de Trump mais il faut rappeler, pour souligner l’hypocrisie des diplomates américains, que c’était aussi l’application d’une loi votée par le Congrès américain en 1995, sous la présidence Clinton. Une clause de ce texte permettait un report de son application pour six mois, report que tous les prédécesseurs de ­Trump avaient systématiquement reconduit depuis vingt-trois ans pour ménager leurs alliés arabes du Moyen-Orient.

Le sionisme au service de l’impérialisme

Les massacres commis ces dernières semaines par l’armée israélienne s’inscrivent dans la continuité de la politique de terreur et de violence que l’État israélien mène depuis sa naissance il y a soixante-dix ans, avec l’appui et la complicité des grandes puissances impérialistes.

Cette politique constitue l’essence même du projet sioniste. L’objectif du mouvement sioniste a toujours consisté à imposer la création d’un État juif contre la volonté des populations arabes qui vivaient en Palestine. Son mot d’ordre était : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Mais les fondateurs de ce mouvement savaient très bien que la Palestine n’était pas une « terre sans peuple ». Et dès le début, ils cherchèrent à obtenir l’appui d’une puissance impérialiste pour parvenir à réaliser leur projet. Alors que les États européens étaient lancés en pleine conquête coloniale, les fondateurs du sionisme se présentaient en auxiliaires de cette colonisation.

C’est le Royaume-Uni qui, à partir de la Première Guerre mondiale, fit le choix de s’appuyer sur le sionisme en promettant de favoriser la création d’un foyer de peuplement juif en Palestine. Mais au même moment, pour obtenir le soutien militaire de tribus bédouines d’Arabie, les dirigeants britanniques leur promirent la création d’un royaume arabe en Palestine. Mais cette terre deux fois promise, les dirigeants britanniques entendaient bien en conserver le contrôle. En 1916, ils signaient avec la France des accords secrets, les accords Sykes-Picot, du nom de ses deux négociateurs, pour fixer les conditions d’un partage de cette même région.

Il faut rappeler ces faits pour comprendre à quel point l’impérialisme, par sa politique de domination et de division des peuples, est à l’origine des conflits actuels, dans cette région comme dans bien d’autres.

Aujourd’hui, les dirigeants de l’État israélien, ainsi que la plupart de ceux qui défendent sa politique, cherchent à assimiler antisionisme et antisémitisme. Contre ce qui constitue un amalgame scandaleux, il est nécessaire de rappeler que la majorité des Juifs, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, ne se reconnaissaient pas dans ce mouvement nationaliste qui se fixait l’objectif d’aller créer un État juif dans la région pauvre qu’était la Palestine au début du 20e siècle. Quand les Juifs fuyaient les persécutions, et ceux de Russie et d’Europe de l’Est furent nombreux à le faire, ils tentaient pour la très grande majorité d’entre eux de gagner les États-Unis. Très souvent, leur combat contre les persécutions – et aussi contre l’exploitation car il existait une importante classe ouvrière juive en Russie et en Pologne – prenait alors la forme d’un engagement dans les mouvements socialistes.

Pour conduire au désespoir les Juifs d’Europe et pousser une partie d’entre eux vers les sionistes, il a fallu la victoire du nazisme en Allemagne et les persécutions antisémites menées dans l’indifférence des grandes puissances de l’époque, qui allèrent jusqu’à fermer leur porte aux Juifs fuyant le régime hitlérien ; puis la déportation massive des Juifs, avec bien souvent l’aide active des polices des États occupés, comme ce fut le cas en France, et la mort de 6 millions d’entre eux. Parmi les survivants, beaucoup se retrouvèrent regroupés dans des camps de réfugiés car les Alliés se refusaient à accueillir tous ceux qui ne voulaient pas retourner dans leur pays d’origine.

Le cynisme des puissances impérialistes, leur mépris des peuples, y compris des populations juives, a permis aux organisations sionistes de trouver des troupes parmi les Juifs qui fuyaient l’Europe. Elles leur promettaient un État susceptible de les protéger parce qu’il serait le leur.

Soixante-dix ans après sa création, l’État israélien n’a pas apporté à ses habitants la sécurité promise. Ceux-ci sont obligés de vivre en permanence sur le pied de guerre dans un camp retranché, sous la menace d’un nouveau conflit militaire ou d’une vague d’attentats terroristes.

Cette situation découle de la politique des dirigeants israéliens qui ont bâti leur État dans un état de guerre permanent contre les populations arabes. Ce choix les a amenés à devenir le bras armé de l’impérialisme américain dans la région.

Les États-Unis ont choisi d’apporter un appui indéfectible à l’État israélien. Ils disposaient ainsi d’un allié privilégié qui dépendait d’eux pour son existence, sur le plan économique et militaire, et d’un État qui a pu mobiliser derrière lui sa population à l’occasion de chaque conflit militaire jusqu’à aujourd’hui en lui faisant croire qu’il en allait de sa sécurité, de sa survie et qu’il n’y avait pas d’autre politique possible. L’impérialisme a pu ainsi utiliser l’État israélien contre les États arabes dans les années 1950 et 1960 alors que les mouvements nationalistes se développaient en exprimant les sentiments anti-impérialistes qui agitaient les masses du Moyen-Orient. Certains régimes, comme celui du nationaliste égyptien Nasser, tentèrent de desserrer l’étreinte de l’impérialisme en s’appuyant sur ces sentiments populaires. En menant une guerre contre l’Égypte à deux reprises, en 1956 lors de l’intervention franco-britannique contre la nationalisation du canal de Suez et surtout en 1967, lors de la guerre des Six- Jours, l’État israélien servait ses intérêts propres mais aussi ceux de l’impérialisme.

L’extrême droite israélienne au pouvoir

L’actuel gouvernement israélien est certainement l’un des plus à droite qu’ait connus Israël. Son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, est au pouvoir depuis 2009 mais, son parti le Likoud ne disposant que d’une faible majorité au Parlement israélien, la Knesset, il n’a pu s’y maintenir qu’en s’alliant à des formations de l’extrême droite nationaliste et religieuse. Bien que très minoritaires, celles-ci occupent des positions clés dans le gouvernement. Avigdor Lieberman, qui avait appelé à « décapiter à la hache les Arabes israéliens infidèles à Israël », est ministre de la Défense depuis deux ans. Il joue ainsi un rôle déterminant dans le gouvernement israélien alors que son parti, Israël Beytenou (Israël notre maison), n’avait recueilli qu’un peu plus de 5 % des voix aux élections législatives de mars 2015. Avec sensiblement le même poids électoral, les nationalistes religieux du parti Foyer juif détiennent eux aussi des postes importants comme les ministères de l’Éducation, de la Justice et de l’Agriculture. Ils sont ouvertement partisans de la colonisation de la Cisjordanie et de son annexion dans un Grand Israël.

« Un gouvernement de colons », tel est le jugement porté par bien des commentateurs politiques en Israël. Certains font ce constat en regrettant l’époque où les pères fondateurs d’Israël se revendiquaient du socialisme. Il est vrai que l’évolution de la vie politique a été marquée par un poids croissant de l’extrême droite qui a de quoi inquiéter bien des Israéliens. Mais pour comprendre les raisons de cette évolution, il faut commencer par souligner que la politique des fondateurs de l’État israélien n’avait rien de socialiste car leur « socialisme », pour autant que ce mot conservait un sens, excluait les masses arabes. Leur phraséologie était un héritage des mouvements socialistes d’Europe de l’Est, très influents parmi les populations juives dans la première moitié du 20e siècle. En fait, l’évolution qu’ont connue l’État, le système politique et la société en Israël confirme qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être un peuple libre.

La responsabilité du parti travailliste

Le Parti travailliste, issu de ces mouvements sionistes socialistes, a longtemps dominé toute la vie politique. Par sa politique, il a favorisé le renforcement des religieux dès la naissance de l’État israélien car c’est la religion qui donnait un fondement au sionisme. En Israël, l’état civil est aux mains des rabbins. Ces prétendus socialistes ont bâti un État où la religion tient une place aussi importante que dans bien des États théocratiques, un État où ni le divorce ni les mariages mixtes ne sont reconnus.

La politique de colonisation a contribué à renforcer le poids de l’extrême droite. D’après la principale organisation de colons, le conseil de Yesha, la population juive en Cisjordanie a augmenté de 3,4 % en 2017 pour atteindre plus de 435 000 personnes, auxquelles s’ajoutent quelque 200 000 colons dans la partie orientale de Jérusalem. Les colonies installées sur des terres palestiniennes bénéficient d’un soutien matériel et militaire de l’État israélien. Certaines d’entre elles constituent de véritables villes de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Protégés par l’armée israélienne, les colons peuvent en toute impunité se livrer à des exactions à l’égard des populations palestiniennes. Selon l’organisation israélienne Yesh Din qui s’oppose à la colonisation, de 2006 à 2014, les attaques de colons contre des Palestiniens ont été multipliées par quatre, pour atteindre un total recensé de 2 100, soit une toutes les 36 heures. C’est une véritable politique de terreur qui vise à interdire aux villageois palestiniens l’accès aux sources d’eau, aux cultures agricoles et à opérer ainsi une conquête silencieuse de la Cisjordanie. Les membres des colonies constituent la base active et militante de l’extrême droite et ils lui donnent les moyens de peser sur l’ensemble de la vie politique.

Si le gouvernement actuel encourage ouvertement la colonisation, ce sont les travaillistes qui ont commencé cette politique et qui ont appuyé la création des premières colonies en Cisjordanie et à Gaza à partir de 1967 et de son occupation.

Après les accords d’Oslo, la colonisation continue

Pendant des années, les gouvernements israéliens ont prétendu mener une occupation humaine. La réalité fut tout autre : répression, humiliations, arrestations suivies à chaque fois du dynamitage des maisons des militants, laissant ainsi toute leur famille sans toit… Tout cela ne pouvait qu’alimenter la révolte qui explosa en 1987 avec la première Intifada, la révolte des pierres, appelée ainsi car pendant des mois des jeunes, très jeunes, tous les jours se heurtaient aux soldats israéliens, lançant des pierres et tombant sous les balles.

C’est cette révolte qui amena les dirigeants israéliens à modifier leur attitude par rapport à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui regroupait en son sein une grande partie des organisations palestiniennes. Pendant longtemps, les gouvernements israéliens se refusaient à reconnaître les Palestiniens, une attitude résumée par la Première ministre israélienne Golda Meïr qui avait déclaré en 1969 : « Les Palestiniens, ça n’existe pas. »

L’armée israélienne ne parvenant pas à venir à bout de la première Intifada, les dirigeants israéliens acceptèrent d’engager des négociations avec l’OLP et son leader Yasser Arafat. Cela conduisit aux accords d’Oslo en 1993 et à la mise en place de l’Autorité palestinienne sur la Cisjordanie et sur Gaza. Les cadres de l’OLP purent alors mettre en place une administration et une police.

En contrepartie, les gouvernements israéliens attendaient de cette police palestinienne qu’elle maintienne l’ordre mais jamais ils n’eurent l’intention d’aller jusqu’à reconnaître cette Autorité palestinienne comme un État à part entière. La colonisation ne connut même pas une pause durant ces années où les diplomates israéliens prétendaient s’engager dans un « processus de paix » ; au contraire, elle s’accéléra encore.

Aujourd’hui, le gouvernement Netanyahou a renoué avec l’attitude qui prévalait avant 1987, en refusant de faire semblant de discuter avec les dirigeants palestiniens. Avec pour conséquence qu’il ne se passe pas une année sans qu’il y ait une explosion de colère, des révoltes, des manifestations.

L’impasse dans laquelle se retrouvent aujourd’hui les populations palestiniennes et juives est la conséquence de la politique menée par l’ensemble des gouvernements israéliens depuis soixante-dix ans, travaillistes d’abord, puis de droite, à plusieurs reprises d’ailleurs avec la participation de ministres travaillistes.

La faillite des directions nationalistes palestiniennes

Dans la lutte qui se mène, nous ne sommes pas neutres. Nous sommes inconditionnellement du côté du peuple palestinien, indépendamment des dirigeants qu’il se donne. Nous sommes solidaires de son combat pour revendiquer un État et pour obtenir le droit des réfugiés de revenir vivre sur les terres dont ils ont été spoliés. Nous ne savons pas quelle forme pourrait prendre un tel État, ni quelles solutions pourraient être trouvées pour permettre aux deux peuples de vivre ensemble, mais une chose est sûre : le fait que des millions de Palestiniens soient condamnés depuis plusieurs générations à vivre dans des camps de réfugiés est inacceptable et injustifiable.

Mais, tout en dénonçant l’ignominie des dirigeants impérialistes et israéliens, il est aussi de notre devoir de dénoncer les responsabilités de la politique des directions nationalistes palestiniennes dans l’impasse actuelle. Les dirigeants palestiniens entendaient obtenir la création d’un État palestinien dans le cadre de l’ordre impérialiste, dans le respect du découpage territorial imposé par les grandes puissances. Pour cela, ils comptaient sur l’aide des États arabes dont ils ont recherché l’alliance et qu’ils ont refusé de combattre.

Pourtant, il y a eu une période où la lutte des Palestiniens aurait pu offrir des perspectives à tous les exploités du Moyen-Orient. Après la guerre des Six-Jours en 1967, la défaite des États arabes avait convaincu une grande partie des Palestiniens qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes et sur leur capacité à s’organiser, indépendamment des régimes en place. Dans les camps de réfugiés où ils vivaient, en Jordanie, au Liban, en Syrie, ils avaient formé des milices armées et les combattants palestiniens, les fedayins, avaient gagné le respect des populations arabes qui se reconnaissaient dans leur combat. Ils auraient pu constituer l’avant-garde d’un combat des masses arabes contre l’impérialisme et contre l’ensemble des régimes arabes en place, contre les classes dirigeantes de ces États qui opprimaient leurs populations.

Mais la perspective de toutes les organisations nationalistes palestiniennes, Arafat en tête, n’était pas de mener un tel combat. Ils exprimaient les aspirations de la petite bourgeoisie palestinienne à pouvoir disposer de son propre État lui permettant d’opprimer pour son propre compte les travailleurs et les masses populaires palestiniens. Et dans cette perspective, aux yeux d’Arafat, le soutien des États arabes était plus important que le sort des masses arabes. Mais, indépendamment de la politique de leurs dirigeants, les Palestiniens constituaient une menace pour ces États car, du simple fait qu’ils se battaient, ils étaient susceptibles de constituer un exemple. Pour cette raison, les Palestiniens furent victimes à plusieurs reprises de la répression des États dont l’OLP recherchait l’alliance : ils furent massacrés par l’armée jordanienne en septembre 1970, puis par l’armée syrienne au Liban en 1976, sans que l’OLP modifie pour autant sa politique vis-à-vis de ces régimes.

Finalement, faute d’être capables de vaincre l’armée israélienne, les dirigeants de l’OLP ne purent obtenir autre chose que la création de l’Autorité palestinienne en 1994, ce qui leur a donné le droit d’administrer, dans une certaine mesure, une partie des territoires occupés par Israël après 1967. Le successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas, n’a certes pas obtenu le titre officiel de chef d’État, mais la mise en place de cette administration autonome a permis à une couche de Palestiniens de s’enrichir, à commencer par les cadres du Fatah, le parti d’Arafat, qui trouvèrent ainsi de quoi se satisfaire de cette situation.

La société palestinienne a connu une évolution parallèle à celle de l’État israélien : les progrès du sionisme religieux et du racisme anti-arabe parmi les Israéliens ont favorisé et alimenté l’influence de l’islamisme du Hamas, qui a bénéficié du discrédit du Fatah au point de pouvoir prendre le pouvoir durablement à Gaza. Netanyahou et ses ministres d’extrême droite d’un côté, le Hamas de l’autre, incarnent chacun à leur façon la tragique impasse à laquelle les dirigeants nationalistes ont conduit leurs peuples respectifs.

Ils y ont certes été conduits par l’impérialisme, qui a dressé les Juifs et les Palestiniens les uns contre les autres pour assurer sa domination sur cette région. L’impasse actuelle montre qu’il n’y a pas d’espoir pour ces deux peuples dans le cadre imposé par les puissances impérialistes.

18 juin 2018