Le combat commence dans notre propre pays

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Avril 1999

Notre problème n'est pas de proposer à cette Europe d'être "bonne", de proposer des recettes pour l'améliorer. Il doit être de défendre, à propos de l'Europe, un certain nombre d'idées, inspirées par l'internationalisme prolétarien.

Pour nous, le problème de ces élections, ce n'est pas de proposer de quelconques améliorations constitutionnelles des institutions européennes, c'est de profiter de cette occasion pour défendre les objectifs que nous proposons aux futures luttes des travailleurs, dans le cadre d'une situation française qui est pour l'essentiel celle de tous les pays d'Europe, objectifs qui consistent en un certain nombre de revendications indispensables, qu'il faudra que les travailleurs imposent pour ne pas sombrer dans la misère.

Et ce que nous disons, c'est que si un nombre croissant d'électeurs approuve ce programme, d'abord ce ne sera pas sans répercussions parmi les travailleurs d'Europe, et puis cela prouvera à tous les militants ouvriers à qui on essaie de faire croire le contraire, qu'on peut tenir un langage radical, socialiste, communiste ("de gauche", cela ne veut plus rien dire) et obtenir l'assentiment d'un grand nombre d'électeurs.

C'est important pour l'avenir, et voilà pourquoi nous nous présentons, en tenant précisément ce langage-là.

Quand notre mouvement est passé, sur le plan électoral, d'environ 2 % des voix à plus de 5 %, nous avons déjà fait la preuve que non seulement ce langage ne nous empêchait pas de progresser, mais même qu'il rencontrait l'accord d'un nombre croissant d'électeurs. Alors, nous souhaitons ( nous souhaitons, car ce n'est pas une prévision) que ces élections du 13 juin apportent la démonstration que ce langage peut être entendu, compris, par un nombre encore plus grand de travailleurs ou de futurs travailleurs. Car il ne s'agit pas seulement des électeurs, mais aussi de tous les jeunes, les travailleurs immigrés, qui n'ont pas le droit de vote mais qui seront présents dans les luttes à venir.

Un score bien supérieur sur notre liste à ces européennes, ce serait la démonstration visible qu'il n'est nullement nécessaire pour une organisation communiste de faire des compromis sur son programme, d'affadir sa dénonciation des patrons et des gouvernants, de se montrer "réaliste" comme disent les partisans de la collaboration gouvernementale ou leurs alliés complaisants, pour exprimer les sentiments d'une large partie de l'électorat populaire.

Car bien des travailleurs le pensent, comme nous : il y en a assez que ces gens-là se fichent de nous, nous mentent de façon éhontée, il est temps de le leur faire savoir clairement.

Et si, le 13 juin, nous franchissons un nouveau palier sur le terrain électoral, en accroissant nettement notre résultat, cela apportera non seulement cette preuve-là, mais cela aussi redonnera le moral à bon nombre de militants communistes, de militants syndicalistes, de travailleurs en général, qui verront qu'ils ne sont pas isolés, pas tout seuls à ne plus pouvoir supporter cette société et le sort qui y est fait à celles et ceux qui ne vivent que de leur travail.

Et il faut ajouter que ce vote à l'extrême gauche sera en même temps le vote le plus radical possible contre l'extrême droite, car il sera un vote contre la gauche gouvernementale sans être un renfort pour la droite, et encore moins pour l'extrême droite.

Oui, nous sommes des Européens convaincus.

Et pour nous, l'horizon ne se limite pas à l'Europe car nous sommes internationalistes, et nous ne sommes pas plus nationalistes européens que nationalistes français. Cela fait bien longtemps que les révolutionnaires communistes défendent l'idée d'Etats-Unis socialistes d'Europe, parce qu'ils savaient et ils savent que des Etats-Unis d'Europe ne se créeront que lorsque la classe ouvrière les aura unifiés avec les méthodes de la révolution. Et ce serait un levier considérable pour la lutte de classe dans le reste du monde, auquel le prolétariat d'Europe pourrait s'adresser fraternellement et avec tout son poids.

L'Europe est une des grandes régions les plus industrialisées du monde, ses capacités productives sont considérables. Organiser ce continent de façon rationnelle sur le plan économique en faisant sauter les obstacles de ce vieux monde, en expropriant les capitalistes, en mettant un terme à tous ces gâchis immenses qu'engendrent leur course au profit et leur concurrence, ce serait la tâche de la révolution prolétarienne, et c'est pour cela que nous sommes des partisans de la libre fédération des peuples d'Europe, à travers des Etats-Unis socialistes d'Europe.

Mais, pour cela, le combat commence dans notre pays, contre nos propres patrons, nos propres gouvernants.