Municipales 2008 - l’occasion d’une campagne politique des révolutionnaires

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décembre2007-janvier 2008

Texte proposé par la fraction « Etincelle », qui a obtenu 3 % des voix des délégués présents au congrès

Les prochaines municipales vont être comme d'habitude le terrain d'affrontement des partis et plus précisément de la gauche contre la droite. Les élections présidentielles n'étant vieilles que de moins d'un an, ces municipales risquent même d'apparaître plus que d'habitude comme le troisième round de la confrontation électorale commencée avec l'élection de Sarkozy.

La gauche, PS et ses alliés PCF ou Verts, peut espérer en effet prendre sa revanche. Pour cela elle va présenter l'élection comme l'occasion de désavouer la politique antipopulaire et anti-ouvrière de Sarkozy et de son gouvernement. Dans la foulée cela lui permettra de centrer sur le terrain des urnes l'attention de tous ceux qui vomissent cette politique et voudraient bien en effet s'y opposer. Et ainsi de faire oublier qu'elle n'a pas l'intention de contribuer à promouvoir et organiser les luttes, seul moyen de s'opposer efficacement à la politique de la droite et du patronat. Faire oublier même que si elle ne tarit pas de critiques sur la méthode de Sarkozy, c'est pour en accepter implicitement les objectifs. C'est tout particulièrement vrai du PS qui va quasi-ouvertement dans le même sens que la réforme sarkozienne, que ce soit en matière de retraite (à réformer), de système de santé (à rationaliser), de durée du temps de travail (à moduler), d'économies dans les services publics (à rechercher, y compris par des suppressions de postes), voire de licenciements dans le privé (à déplorer... mais concurrence mondiale oblige !). Mais c'est vrai aussi de ses alliés, PCF en tête, dont la surenchère à gauche, quand elle s'esquisse, n'a d'autre but que de préparer une nouvelle alliance avec le PS.

Mais les municipales sont aussi le terrain où se développent les ambitions des notables qui en France commencent, maintiennent ou renforcent leur carrière politique par l'occupation d'un poste de maire. L'insistance sur les problèmes locaux, réels ou surfaits, permet tout à la fois d'embrouiller leur véritable politique et donne une justification à tous les compromis et toutes les compromissions. Cela est aussi vrai à droite qu'à gauche. Cela explique l'attention dont les centristes, prêts à vendre leur soutien à celui qui le paiera le plus cher, sont l'objet de la part de l'UMP comme du PS. Cela explique la politique du PCF qui ayant perdu en 2001 un tiers des villes de plus de 20 000 habitants (il ne contrôle plus que 38 municipalités au lieu de 55) se démène comme un beau diable pour rechercher à la fois l'alliance du PS, absolument indispensable, et celle de l'extrême gauche susceptible de renforcer sa position... vis-à-vis du PS justement.

Toutes ces manœuvres font qu'avant d'envisager des alliances et des listes communes, il est nécessaire pour les révolutionnaires et LO de définir l'axe politique sur lequel ils entendent se présenter et faire campagne.

Celui qui semble s'imposer est celui de la défense intransigeante des intérêts du camp des travailleurs que ce soit à l'échelle locale ou nationale. Ce n'est certainement pas aujourd'hui, alors que la cuisine politicienne va battre son plein, qu'il faut abandonner notre axe, que nous avons répété si souvent dans un slogan maintenant attaché à la personne d'Arlette Laguiller.

Dans les circonstances actuelles se situer dans le camp des travailleurs implique de se positionner d'abord sur les problèmes généraux de la solution desquels dépend le sort des classes populaires, bien plus en tout cas que des solutions locales que pourrait apporter la meilleure bonne volonté des municipalités : dénoncer les méfaits de l'équipe de droite actuellement au pouvoir sous la houlette de Sarkozy, mais aussi la passivité ou la veulerie de celles de gauche qui briguent le rôle ; faire de la propagande pour un programme de mesures radicales qui pourraient et devraient être les objectifs de la nécessaire et indispensable lutte d'ensemble des travailleurs.

Quant aux problèmes locaux, que bien entendu il serait stupide de négliger, ils impliquent l'engagement de nos candidats comme de nos éventuels élus d'être aux côtés de tous les exploités et les opprimés, à chaque occasion, pour défendre toute revendication qui correspondrait à leur intérêt, souligner leurs droits, imposer ceux-ci et surtout les aider à se défendre, sans tenir compte d'éventuelles alliances passées à l'occasion, celle des élections ou une autre. Sans tenir compte non plus de l'éventuelle mise en danger de positions, au conseil municipal ou ailleurs, qu'il n'est justifié d'occuper que pour mener cette politique de défense intransigeante des intérêts du camp des travailleurs.

Il ne s'agit pas de refuser des postes d'élus s'ils sont conquis sur ces bases claires. Il ne s'agit pas de refuser d'éventuelles alliances si elles n'obscurcissent pas notre campagne ou nos positions et ne nous entraînent pas, dans l'immédiat ou par la suite, à des compromissions inacceptables. Mais il ne s'agit certainement pas non plus d'accepter toute alliance pour la raison qu'elle nous garantirait plus sûrement des élus.

Ainsi, dans la plupart des municipalités tant soit peu importantes (dans les petites la question ne se pose pas du tout de la même façon) où le premier de la liste de gauche (et éventuel futur maire) est une personnalité politique connue, maire sortant, député-maire, ancien ministre, donc un soutien connu et affirmé à la politique du PS ou du PCF, la participation dès le premier tour à cette liste semble absolument exclue. Elle ne pourrait en effet apparaître que comme une alliance politique avec la gauche et donc un soutien à sa politique.

Même les accords dits « techniques » au deuxième tour, qui peuvent être plus facilement justifiés et expliqués par une loi électorale fort peu démocratique, sont à prendre avec des pincettes. Qu'on le veuille ou non, il en restera plus ou moins confusément l'idée que pour un poste d'élu nous sommes prêts à abandonner notre indépendance politique, c'est-à-dire notre totale liberté de critique. Sans parler évidemment de la compromission que serait la participation sur une liste menée par une femme ou un homme dont la politique municipale n'est pas au service des couches défavorisées, cas de la plupart des maires PS et de bon nombre de ceux du PCF aujourd'hui (exemple : ces maires de la proche banlieue parisienne qui visent à transformer socialement leur commune pour en faire une agglomération petite bourgeoise et pour cela poussent, discrètement ou non, les pauvres et les immigrés vers des horizons plus lointains, en s'en prenant aux squatters ou aux locataires qui ne peuvent plus payer ; il n'y a pas que Delanoë qui cache ses buts sous des raisons de rénovations urbaines).

En fait la première alliance à rechercher est celle de l'extrême gauche, et en particulier de la LCR. Rappelons que cette alliance n'a pas marché en 2001 parce que la LCR envisageait une fusion des listes ou un vote pour la gauche au deuxième tour, ce qu'alors nous refusions. La deuxième raison de l'échec des pourparlers fut qu'elle entendait accorder plus de place aux problèmes locaux aux dépens des problèmes nationaux généraux et voulait introduire sur les listes communes des gens qui n'étaient ni de LO ni de la LCR, en particulier d'associations... qui étaient d'ailleurs incomparablement plus à gauche que la plupart des maires des grandes villes PS ou PCF aujourd'hui. Il est maintenant évident que sur des listes formées sur une base LO-LCR, rien ne s'opposerait à mettre des gens d'extrême gauche ou même de la gauche de la gauche qui en accepteraient les grandes lignes de la plate-forme.

Il peut certes exister d'autres difficultés. La LCR, forte de ses récents succès électoraux, peut estimer n'avoir pas besoin de LO ou être prête ici ou là à négocier de son côté avec tel ou tel notable de gauche qui est en train de faire ses comptes de voix et pour qui la mairie vaut bien une messe surtout pour recueillir le soutien d'une organisation d'extrême gauche qui a le vent en poupe. La LCR dit aujourd'hui, et d'une façon bien plus nette que nous l'avons fait jusqu'ici, qu'elle n'est pas prête à ce genre d'alliance. La meilleure façon de l'ancrer sur cette position est de lui proposer notre alliance... à condition bien sûr de ne pas en rechercher nous-mêmes des plus douteuses.

L'intervention sur le terrain électoral n'est certainement pas la priorité des révolutionnaires. Surtout dans les circonstances actuelles où les travailleurs sont attaqués de toutes parts, cette priorité est d'aider à la riposte et à la convergence des luttes dans un mouvement d'ensemble. Mais puisqu'il y a campagne électorale, et que celle-ci fait partie des combats politiques nécessaires, nous devons faire en sorte qu'elle aide et contribue à notre intervention sur le terrain essentiel des luttes de classe.

Le 28 octobre 2007