Le capitalisme menace de plonger la société dans la barbarie

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7 novembre 1997

C'est encore la survie d'une forme d'organisation sociale qui ne correspond plus à notre époque qui fait resurgir, dans le contexte et avec les moyens de notre époque, toutes sortes de séquelles barbares du passé. Il y a partout une montée des mysticismes et des idées réactionnaires. Mais, aujourd'hui, ce sont des turbo- réacteurs qui transportent des pèlerins de toute religion. Le show du pape est organisé par des spécialistes des spectacles et retransmis à la télévision par satellite. Et les astrologues prétendent utiliser l'ordinateur pour établir leurs horoscopes. Dans un pays comme la France, à ce qu'il paraît, il y a vingt mille voyants, astrologues et médiums. Et, même avec les dizaines de marabouts venant d'Afrique, ils ont du mal à répondre à la demande de quelque 4 millions de clients réguliers ! Le tirage des revues d'astrologie ne cesse d'augmenter et deux d'entre elles dépassent les cent mille exemplaires.

Et c'est évidemment dans ce marais réactionnaire, nauséabond, que les organisations d'extrême droite puisent leur démagogie.

Il n'y a pas que les révolutionnaires qui constatent et qui dénoncent toute cette barbarie moderne dans les conditions matérielles et dans les esprits. La télévision elle- même transmet régulièrement ces scènes insoutenables de gosses mourant de faim, les images de la misère insupportable des bidonvilles d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine. Elle nous a transmis l'image de ces réfugiés du Rwanda cheminant dans la forêt et dont le flot diminuait au fur et à mesure que les plus faibles tombaient et mouraient au bord de la route. Oui, même la télévision nous informe mais, en même temps, elle nous habitue. Tout cela finit par apparaître normal, puisque tout cela existe. C'est de cette façon-là aussi que ceux qui dirigent le monde essaient de nous rendre complices.

Eh bien, non ! Tout cela reste ignoble, indigne de notre époque, révoltant, parce que tout cela n'est pas une fatalité ; parce que tout cela ne découle pas de la nature humaine mais d'une organisation sociale et parce que cette organisation sociale peut- être changée, et doit être changé !

Et être révolutionnaire aujourd'hui, au-delà de tout, c'est refuser d'être complice de la seule façon possible, en combattant l'ordre capitaliste qui engendre toutes ces ignominie.

Alors oui, le capitalisme devra être remplacé sous peine de plonger l'humanité dans la barbarie. Les possibilités d'une organisation économique dirigée rationnellement, au mieux des intérêts de la collectivité humaine et à l'échelle planétaire, sont plus grandes aujourd'hui qu'elles n'ont jamais été dans le passé.

La génération qui a fait la révolution de 1917 ne connaissait encore que les débuts balbutiants de l'utilisation de l'énergie électrique, de l'aviation ou de la radio. Aujourd'hui, l'électronique, les satellites artificiels, les réseaux d'information denses qui couvrent la planète donnent des possibilités grandioses pour gérer l'économie sans nuire aux ressources de la planète.

Les banques interconnectées à l'échelle du monde pourraient être un formidable moyen de et d'information pour une direction rationnelle de l'économie, si ce réseau ne véhiculait pas seulement les cours de la Bourse ou la spéculation, c'est- à-dire une réalité virtuelle, mais des informations sur l'économie réelle.

Les satellites qui tournent autour de la terre et qui observent les récoltes pour permettre aux trusts qui monopolisent le commerce international de mieux spéculer, pourraient faciliter la production rationnelle des produits agricoles de base.

A l'occasion de la grève actuelle des routiers, la télévision a montré des images de ces grandes sociétés de transport dont tous les camions sont reliés, via un satellite, à une base qui connait à chaque instant la positon de chaque camion, et qui peur les dérouter. Aujourd'hui, cela sert à mieux saisir les opportunités du marché dans la concurrence féroce qui oppose les capitalistes du transport les uns aux autres. Demain, dans une économie débarrassée du profit et où les myriades d'entreprises de transport seraient réunies dans de vastes coopératives qui ne seraient pas en guerre les unes contre les autres, cela serait un formidable outil de planification des transports, de réduction du temps de travail et de diminution des pollutions atmosphériques ou sonores.

Le développement même des grands trusts, avec leur organisation interne souvent efficace, pourrait être utilisé à condition que les informations ainsi centralisées au niveau de chacun des grands trusts ne servent pas seulement à la concurrence contre le trust voisin ni pour élaborer la meilleure méthode de dépouiller les peuples, mais dans l'intérêt de tous.

Mais pour que tous ces éléments puissent permettre à l'humanité de faire un véritable bond en avant, il faut exproprier la grande bourgeoisie, mettre fin à la concurrence entre trusts et entre banques, définir un plan de production en fonction des besoins réels et pas seulement des besoins solvables, le contrôle permanent des travailleurs, des consommateurs, de la population en général du fonctionnement de chaque entreprise particulière, à l'économie d'une ville, d'une région, d'un Etat.

On pourrait alors tout à la fois augmenter la production dans les limites de ce qui est nécessaire sans détruire la nature et, en même temps, travailler moins. Les fruits du progrès scientifique et technique pourraient enfin servir à toute la population laborieuse et pas seulement rapporter du profit à quelques uns.

Le recensement quasi instantané des besoins ne présente aucune difficulté technique à l'époque des cartes bancaires et des réseaux informatiques. Et à l'époque d'Internet et des ordinateurs à domicile il est très facile de consulter la population, pour ainsi dire en permanence, et pour prendre des décisions qui concernent sa vie et pas seulement pour élire un député qui ne sert à rien.

C'est par rapport à cette vaste perspective que tous les débats actuels sur la mondialisation ou sur l'unification européenne, sont de faux débats où ne s'affrontent que des nuances d'opinion qui, toutes, considèrent que le capitalisme est destiné à durer.

Oui, la mondialisation, c'est à dire la suppression de barrières devant les déplacements de capitaux et de marchandises exacerbe la concurrence, la rend plus sauvage encore, et favorise surtout les gros requins du capitalisme contre les petits.