La politique des bolcheviks au pouvoir

Εκτύπωση
10 novembre 1995

Symbole remarquable de la manière dont la lutte pour les droits des femmes trouvait tout naturellement sa place dans le combat socialiste, la grande secousse révolutionnaire qui, après avoir renversé le tsarisme, allait ébranler le monde entier, eut pour point de départ les manifestations organisées à Pétrograd à l'occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars 1917.

Et quand, quelques mois plus tard, les bolcheviks se trouvèrent au pouvoir, c'est tout naturellement qu'ils menèrent une politique révolutionnaire quant à la condition des femmes. Et c'est à juste titre que Lénine pouvait affirmer, en septembre 1917, "Aucun Etat, aucune législation démocratique n'a fait pour la femme la moitié de ce que le pouvoir soviétique a fait dès les premiers mois de son existence".

La Russie révolutionnaire fit du mariage une simple formalité civile et attribua les mêmes droits à tous les enfants, "légitimes" ou pas ; elle fut le premier Etat au monde à faire du divorce une affaire simple et d'ordre privé en cas de consentement mutuel, dès décembre 1917. Le Code de la famille de décembre 1918 était alors unique en Europe par son esprit de liberté, établissant l'égalité absolue entre mari et femme comme vis-à-vis de leurs enfants.

Des organismes, près du Comité central et à tous les échelons du Parti, furent chargés d'oeuvrer à faire entrer dans les faits l'égalité toute neuve, avec l'immense tâche de faire face aux innombrables problèmes comme par exemple celui d'instruire plusieurs millions de déléguées élues par les ouvrières et les paysannes. Un ambitieux programme d'équipements collectifs fut élaboré, car, dans l'esprit des bolcheviks, un système de services sociaux jardins d'enfants, restaurants, blanchisseries, dispensaires devait alléger aussi bien les tâches maternelles que les corvées ménagères.

Le premier Congrès musulman pan-russe de 1917 à Moscou avait proclamé l'égalité des droits des femmes et des hommes musulmans, et cela aussi était une première. La polygamie fut abolie par la loi, comme le mariage des petites filles et l'obligation du voile pour les femmes, tandis que l'obligation de l'instruction s'imposait aux filles comme aux garçons.

On se doute bien qu'il n'allait pas être simple de révolutionner ainsi les moeurs. La réalisation générale concrète d'un mode de vie nouveau était hors de la portée du jeune Etat révolutionnaire, pauvre et isolé, mais les bolcheviks en tout cas ont montré qu'ils ne craignaient pas de secouer le lourd poids de "la tradition de toutes les générations mortes" dont parlait Karl Marx à propos des dirigeants de la Révolution française. Ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour ouvrir la voie d'une égalité réelle entre hommes et femmes. Et ils ont milité pour que les jeunes Partis Communistes dans les autres pays se donnent, entre autres, ce même objectif.