Un système qui ne peut pas être l'avenir de l'humanité

Εκτύπωση
13 novembre 1998

Combien de temps un tel système peut-il fonctionner ? Les financiers qui dirigent le monde peuvent-ils éviter longtemps encore le krach généralisé qu'ils redoutent ? Nous ne pouvons le savoir, et cela est imprévisible par nature. Nous pouvons seulement constater qu'eux-mêmes semblent de plus en plus convaincus que le risque d'un tel krach généralisé est réel. Et nous pouvons constater aussi que, d'une crise à l'autre, les injections d'argent public dans l'économie pour tenter de la "relancer" sont de moins en moins efficaces, tant cet argent disparaît rapidement dans les circuits financiers, avec de moins en moins de retombées positives pour l'économie et la population.

Et puis, krach généralisé ou non, on peut constater que depuis des années, la planète paye déjà une dîme de plus en plus lourde pour la survie du capital financier. Elle la paye par l'appauvrissement de couches entières de la population mondiale, de pays entiers, elle la paye par des famines, des guerres localisées. Elle la paye aussi par la destruction de son environnement car le capital, sur ce plan-là aussi, ne raisonne qu'en termes de profit immédiat en se souciant peu de savoir si, pour les générations futures, la planète sera encore habitable.

Le capitalisme d'aujourd'hui, dominé par sa composante financière, nous démontre combien ce système est dépassé par l'histoire. On nous dit que les impératifs du profit sont bons parce qu'ils sont aussi les impératifs du progrès économique. Mais les deux choses ne se sont confondues historiquement que pour une brève période, au tout début du système capitaliste il y a plus de cent cinquante ans de cela. Depuis, le caractère parasitaire du capitalisme n'a fait que s'accentuer à travers toutes ses crises.

Certains proposent aujourd'hui de corriger ce qu'ils nomment les "excès" du capital financier. Des intellectuels, notamment en France autour du journal "le Monde diplomatique", se font les propagandistes de l'institution d'une taxe sur les profits spéculatifs, la "taxe Tobin", du nom de l'universitaire américain qui l'a proposée, sans succès évidemment. Mais à supposer même qu'ils réussissent à convaincre les gouvernements de l'instituer, les capitalistes qui disposent et de l'argent et du pouvoir, trouveraient évidemment le moyen d'en faire retomber les frais sur la population, et rien ne changerait fondamentalement dans leur comportement.

Il n'y a pas de voie vers un "bon" capitalisme, qui promettrait le développement économique et la fin de la pauvreté dans les pays du Tiers-Monde, le plein-emploi et la hausse du niveau de vie de tous dans les pays industrialisés. Le capitalisme à dominante financière d'aujourd'hui n'est pas un capitalisme dévoyé, c'est le résultat du développement logique, organique, de ce système où des capitaux énormes, leur destination, peuvent dépendre de décisions à courte vue dépendant des cours de la Bourse ou de n'importe quel bruit sur la variation des taux d'intérêt, quand ce n'est pas des aventures sexuelles du président des Etats-Unis !

Tant que le profit capitaliste est à la base du fonctionnement de la société, ce système peut produire le pire. C'est bien ce système, le système capitaliste, qui est dépassé et dont la survie est dangereuse pour l'humanité. Il l'a largement démontré depuis presque un siècle. Si ce système réussit à éviter pour quelques années encore une crise généralisée, il le fera payer de plus en plus cher à la population mondiale, comme il le fait depuis des années. Et si cette crise généralisée se produit, il cherchera à le faire payer à cette population mondiale d'une façon encore plus radicale comme il l'a fait payer dans les années trente par la crise, par la faim et peut-être finalement par la guerre mondiale.

Sur la base du système capitaliste, il n'y a pas d'issue. Nous disions que le capital financier, c'était d'une certaine façon le capital collectivisé, centralisé à l'échelle mondiale, encaissant sur les mêmes comptes la plus-value extorquée aux paysans du tiers-monde comme celle des ouvriers des pays industrialisés pour la redistribuer aux possesseurs de capitaux même si l'activité de ceux-ci n'est qu'une activité spéculative dont le rapport avec la production réelle est de plus en plus lointain. Cette centralisation du capital, cette "mondialisation" qui l'accompagne, c'est d'une certaine façon la démonstration que l'économie mondiale est un tout. Les moyens de production, la circulation des informations, des marchandises, des hommes, tout cela n'existe plus à l'échelle d'un pays mais à l'échelle du monde. La production des biens nécessaires à la vie s'effectue dans le cadre d'une coopération mondiale, qui embrasse dans un même ensemble les ouvriers coréens ou japonais ou les paysans d'Afrique ou d'Amérique.

Mais cette collectivisation de fait continue à se dérouler dans le cadre de la propriété privée. Au sommet du système, il y a ce capital financier qui continue de garantir leur part de profits à des possesseurs de capitaux qui ne jouent aucun rôle réel dans l'économie. Et le pire n'est même pas que ces gens-là prélèvent leur dîme, car même l'usage qu'ils peuvent en faire, même la consommation privée de produits de luxe qu'ils peuvent en retirer est finalement limitée. Le pire est qu'ils restent les maîtres du système, qu'ils prennent les décisions, qu'ils décident de fermer une usine ici ou là, de stopper l'activité de pays entiers comme cela se produit aujourd'hui en Asie du Sud-Est, et qu'ils ne prennent ces décisions qu'en fonction de calculs à courte vue, de prévisions de profit immédiat, en plongeant finalement toute la planète dans un désordre économique croissant.

Alors non, ce système ne peut pas être l'avenir de l'humanité. Et en tant que militants communistes, nous pensons qu'il n'y a pas d'autre issue pour l'humanité que de mettre fin à cette propriété privée des moyens de production. Si l'économie est mondialisée, tant mieux au fond car cela donne d'immenses possibilités à l'humanité, et à l'humanité tout entière. Mais il faut qu'elle soit réellement collectivisée, c'est-à-dire gérée, contrôlée en fonction des besoins de l'ensemble de l'humanité. Et le premier pas dans ce sens ne peut être que d'exproprier totalement le grand capital, de rayer d'un trait de plume ces dettes, ces créances, ces actions et titres de propriété qui ne sont que des survivances d'un autre âge et qui ne font qu'étouffer l'économie et la vie des hommes.

Et il n'y a pas d'autre voie pour cela, que celle de la révolution prolétarienne à l'échelle mondiale.